Il est évident qu'il faut être dans un état d'esprit bien défini pour profiter d'un film comme La Mélodie du Bonheur. Comme de fait, il faudrait être sacrément vachard pour ne pas reconnaître que l'une des plus célèbres et plébiscitées comédies musicales hollywoodiennes a de solides arguments à revendre. Tout d'abord, l'admirable maîtrise de la caméra, des décors et des jeux de lumière. Certains plans sont à tomber proprement à la renverse. De plus, le fait de faire évoluer son histoire aux prémisses de la seconde Guerre Mondiale place l'oeuvre dans un contexte historique remarquable et surtout d'une grande cruauté qu'il atténue.
Alors, tout ça est très bien mais à partir du moment où l'on ne rentre pas dans le délire de La Mélodie du Bonheur, le visionnage d'une durée assez abusive de près de 3h ne s'inscrira pas dans vos annales de cinéphile. Quand on a une appétence toute particulière pour les drames coup de poing et/ou cyniques et/ou désespérés, se lancer dans une expérience pareille ne peut qu'être funeste. Mais la curiosité que voulez vous... Et pourtant, il m'est arrivé d'être surpris plus d'une fois grâce à Frank Capra qui m'attendrissait sous son déluge de bons sentiments car d'une part, c'était très bien réalisé et d'autre part, il y avait une morale derrière tout ça, une réflexion et ce malgré le manque de subtilité. Sauf que là, on dépasse de manière indécente la niaiserie. Le taux de cul-cul la praline brise toutes les limites sans que jamais on ne soit un minimum touché par ce déluge de naïveté. Tout est bien trop facile, trop sur-appuyé. La gouvernante n'a aucun mal à se faire accepter et après tout n'est que prévisibilité.
Quand on conjugue ces quelques couacs, ça énerve et même dans les chorégraphies, c'est pas franchement jojo. Ca manque d'ambition, de mouvements. C'est bien trop statique pour conquérir. C'est la pure antithèse de West Side Story qui offrait une savante démesure. Non, parce que dans une comédie musicale, on est quand même censé faire participer un certain nombre de gens. Je ne parle pas de 50 mais d'un peu plus qu'une gouvernante et 7 mômes (et là on en est encore à son niveau maximal). Alors, je sais que c'est sympathique et je peux totalement comprendre que les gens aient été séduits par ce (trop) long-métrage mais comme je l'ai dit au début, il faut avoir un état d'esprit optimal et quand on ne l'a pas, le visionnage ne sera qu'un grotesque cirque de bisounours qui vous rendrait allergique à toute forme d'amour durant plusieurs jours.