Ah, Foster revit : il fallait qu’on lui fît jouer dix ans de moins que son âge pour la réconcilier avec une production qui en valût la peine. D’ailleurs, le film s’accroche aux années 80 avec des crochets grands comme ça, s’assurant d’exploiter au maximum l’époque où l’ambiance universitaire était à l’honneur qu’immortalisèrent d’autres œuvres d’époque en se servant du sport comme ciment ; ici, le baseball.
Warner Bros faisait alors une avantageuse concurrence à Disney en matière de tragicomédie & cette guéguerre fait souffrir le film d’une surabondance de sentiments – la quantité primera sur la qualité, ce qui préserve l’histoire sur le long terme en même temps qu’elle en racornit les bords avec ses pointes de kitsch. Vous savez, le genre de kitsch pour lequel le ralenti (voire l’image figée) sur fond musical est la crème de la crème en matière de climax émotionnel.
Carburant aux anecdotes qui génèrent des setups/paybacks par myriades, Stealing Home s’assure de séduire à peu près n’importe quel public quelle que soit l’époque avec ses autoréférences simples qui s’essayent à être touchantes, mais il finira aussi par tourner en rond de pire manière qu’un coureur accomplissant un homerun. Déjà que sa non linéarité est loin d’être claire (quoique charmante avec sa façon de ne jamais montrer Jodie Foster & Mark Harmon en même temps à l’écran), la narration un peu cliché devient carrément barbante, comme si toute l’histoire reposait sur une manipulation presque puérile des personnages qui se trouvent ainsi ballottés entre deux ou trois décors-types.
Heureusement, Kampmann & Porter ne se figent nulle part. Chaque scène est une redécouverte, au point de produire par endroits des miracles de continuité donnant l’illusion d’une vie pleine pendant plusieurs heures fictives d’affilée, avec une naïveté un peu absurde qui est le parfait ingrédient pour rendre tolérable que 100% des personnages, enfants & adultes compris, soient des adolescents dans l’âme. Maintenant que j’y pense, peut-être qu’il fallait absolument que le film devînt kitsch pour que cela marche encore aujourd’hui…
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