Tous ses spectateurs ne la percevront peut-être pas mais il y a quelque chose de l'ordre de la grâce dans La mer au loin, le deuxième long-métrage du franco-marocain Saïd Hamich Benlarbi. Le film aurait pu s'intituler le pays au loin car il y est question d'exil, d'un jeune marocain, et de son existence (assimilation ?) durant les années 90. Une plongée dans la communauté maghrébine de Marseille dont le spectre s'élargit au fur et à mesure, au gré des rencontres du héros, avec des personnages peu conventionnels, qui donnent un vrai plus, en termes de fantaisie, dans un récit par ailleurs mélancolique et d'un romanesque en apparence tranquille mais agité, sous la surface, par tous les sentiments humains. Cette chronique séduisante est particulièrement réussie dans ses scènes de groupe, en voiture ou en famille, par exemple. S'y ajoutent de nombreux morceaux de Raï, qui font de la musique un personnage à part entière. Face à un sobre et émouvant Ayoub Gretaa, quel bonheur de retrouver la classe folle d'Anna Mouglalis et la singularité de Grégoire Colin. La mer au loin est un beau film, plus en douceur qu'en arêtes vives, dont chaque moment est empreint d'une exaltante humanité. Et ce n'est pas rien..