Le film de Vsevolod Poudovkine (tiré de Maxime Gorki, auteur de romans burlesques incontournables) pourra sembler un long et douloureux chemin de croix si l’on n’est pas un forçat passionné du cinéma muet (ou un cinéphile tarabusté par la chose, il y en a) et de l’impact des images là où il faut. La principale raison à ce sentiment vertigineux reste aujourd’hui encore le côté assez hermétique du film, proche de l’abstraction théorique. Il faut dire que Poudovkine, moins célébré qu’Eisenstein (avec qui il signera malgré tout le « Manifeste sur le contrepoint audio-visuel » avec le troisième larron Grigori Aleksandrov), était un théoricien de l’image hors paire, pas forcément versé sur la poilade (quoique son premier moyen métrage fût assez proche d’une comédie), mais capable d’association d’images assez renversantes. La puissance de ce film (son plus connu) en est la plus belle rançon. Pour ce que ça vaut, « La Mère » fit partie de la liste des 12 meilleurs films de tous les temps établie lors de l'exposition universelle de Bruxelles de 1958. On en ressort essoré.