Nanni Moretti sportif : le foot
C’est avec ce film, en 1985, que Nanni Moretti a vraiment émergé. Il a de fortes convictions politiques (à gauche) et une forte personnalité. Il adore la vie et le cinéma, mais aussi l'Italie et ses concitoyens. Mais il voit tout ce qui va de travers. Alors il pousse son coup de gueule en se mettant lui-même en scène sous les traits d'un jeune prêtre un peu idéaliste, confronté à la vie moderne. Pour lui comme pour ses concitoyens, le thème de l'Eglise est particulièrement fort, puisqu’il l’abordera à nouveau de front avec « Habemus papam ». On ne renie pas des siècles de tradition judéo-chrétienne.
« La messe est finie » n'est jamais clinquant. Nanni Moretti ne cherche jamais à faire de la belle image bien léchée, même si à l'occasion il nous montre quelques beaux paysages. Il nous montre plutôt une Italie où beaucoup de lieux sont plus ou moins délabrés (à l’époque), à l'image de ce qu'il nous montre de la société de 1985. Ainsi, en tant que jeune prêtre arrivant dans une nouvelle paroisse, il va se trouver confronté à la désertion du culte et aux problèmes classiques que sont le célibat des prêtres, le divorce, l'avortement, l'infidélité (sujets particulièrement forts pour un italien), la violence gratuite et le suicide. Il sera d'autant plus marqué lorsque ces sujets le toucheront personnellement.
Heureusement, Nanni Moretti fait preuve d'un humour bienvenu, ce qui évite au film une lourdeur qui pourrait le rendre insupportable. Au contraire, on le suit agréablement. On apprécie l'état d'esprit du réalisateur. Quant à Nanni Moretti acteur, il convainc également. Il dégage une présence indéniable et sa voix caractéristique retentit encore dans les têtes longtemps après le film. Autant le dire, à mon avis regarder un film de ou avec Nanni Moretti en négligeant le choix de la v.o. relève de la pure hérésie.
Le film n'est pas franchement optimiste. Voir le titre qui correspond bien avec la scène finale. Mais Moretti semble un incurable optimiste, car on sent qu'il fait ce film pour secouer ses concitoyens, leur dire "Voyez ce que nous sommes, ce que nous faisons. Il suffirait d'un petit effort pour que la vie soit si belle pour tout le monde. Alors, de grâce évitons de faire n'importe quoi, puisque nous le payons inévitablement". Enfin, Moretti ne fait pas dans le prêchi-prêcha. On peut apprécier le film et son état d’esprit sans convictions religieuses. Avant tout, Moretti décrit un certain mal-être italien.
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