Darwinisme social

Un huis-clos plutôt original, puisqu'il se déroule dans le monde du travail, et que les sept protagonistes cherchent à se faire embaucher par une société, alors qu'il n'y a qu'une place vacante.

Et comme dans Battle Royale, il faut donc qu'il n'en reste qu'un, sauf que les personnages ne disposent pas d'armes pour s'entre-éliminer, mais simplement de leur propre ruse. L'entreprise leur fera passer des tests, pour évaluer leurs compétences et leur esprit de compétition, et si au début tout le monde rigole un peu du test, de "la méthode", peu à peu l'esprit de compétition prend le dessus et les attaques personnelles commencent à fuser : tout est bon pour que ce soit l'autre qui soit éjecté, et pas soi-même.

Un film qui interpelle, parce que ces méthodes semblent au final crédibles, et pas si éloignées de la fameuse "méthode américaine", alors que le concept, c'est quand même du Battle Royale administratif, ou plus exactement du darwinisme social. Est-ce bien sain d'en arriver là pour une entreprise ? Celle-ci mérite-t-elle qu'on élimine tout à fait le facteur humain au profit des bénéfices purs ? Des questions que le film soulève, de manière plus ou moins subtile, et qui le rendent d'autant plus intéressant. Surtout qu'il se déroule en Espagne, en 2005 (avant la crise), et qu'on pressentait déjà les effets néfastes des multinationales sur l'économie mondiale. Et que c'est cynique d'entendre dans la bouche d'un acteur espagnol que "l'Espagne est le pays européen avec les meilleures perspectives économiques".

Et au niveau de la forme, c'est plutôt sobre, mais efficace, malgré quelques chouettes idées de mise en scène lors de l'intro, et lors d'une excellente séquence durant laquelle la caméra suit les différents écrans de surveillance avant une révélation assez importante. Je reprocherais quand même quelques longueurs, un rythme parfois mal maîtrisé et une fin quelque peu décevante. Ça reste cependant un film très solide, original et qui fait pas mal réfléchir sur le monde de l'entreprise.