Film curieux qui applique au western les codes de l’espionnage explicités d’ailleurs par son titre, les fameux fusils étant formulés dès les premières minutes telle la promesse d’une innovation technique à finalités militaires qui n’interviendra toutefois, matériellement, qu’en dernière partie, Springfield Rifle joue avec le spectateur en concevant un retournement de situation digne d’une mise en abyme : la déchéance du commandant Kearney n’est qu’une illusion pour mieux investir les rangs sudistes, boule de neige à l’origine d’une avalanche de faux-semblants rappelant l’adage selon lequel l’habit ne fait pas le moine. Cette idée scénaristique, amusante, peine pourtant à s’incarner à l’écran, la faute à un déficit d’émotions et à l’interprétation monolithique de comédiens : trop contraignante et mécanique, elle enferme les personnages dans une caractérisation immuable alors même qu’elle aurait dû conduire à la dynamiser. Les dialogues sentencieux achèvent de réduire le long métrage à l’état de curiosité dispensable que relève çà et là quelques belles idées de mise en scène.