De par son sujet original (l’émergence de l’espionnage durant la Guerre de Sécession) et la présence de Gary Cooper en haut de l’affiche, on peut s’étonner de se retrouver face à une simple série B où action et péripéties dominent un film agréable à suivre mais souvent maladroit et brouillon. Inutilement complexe par moments, il perd, au fur et à mesure que se déroule son intrigue, la force qu’il s’est acharné à incarner. Ainsi, si la première partie du film étonne par la qualité de son scénario, la deuxième partie est bien plus anecdotique.
Si le film réserve quelques belles scènes, notamment avec l’utilisation des colonnes de chevaux dans de beaux paysages, on peut regretter qu’elles soient souvent confuses, un sentiment renforcé par un tournage dans une relative semi-obscurité qui les dessert à chaque fois. Par ailleurs, trop de personnages étant de la fête, leurs portraits sont souvent caricaturaux et le destin de bon nombre d’entre eux finit par nous échapper ou nous passer au-dessus du képi. Enfin, et même si c’est Max Steiner qui dirige l’orchestre, l’omniprésence d’une musique évoquant sans cesse l’arrivée tonitruante de la cavalerie finit par agacer. Les combats à mains nues peu crédibles ne participent pas non plus à voir ici autre chose qu’un western de série.
Ce n’est pas un souci en soi mais l’ensemble semblait annoncer davantage d’ambitions que ce qui nous est au final montré. Certes André de Toth est un faiseur de séries B plutôt habile mais on a l’impression que son film (amputé de plus d’une demi-heure de pellicule) passe à côté de quelque chose de plus abouti. Au regard de ce qu’il en reste, on peut aussi penser que la Warner s’est résignée à remettre le film et son auteur à sa place. Dommage pour Gary Cooper (qui, étrangement, n’a jamais autant ressemblé à Randolph Scott qu’en tournant pour de Toth !) et une bande d’acteurs globalement convaincants.