Olivier Dahan est un cinéaste que je connais très peu. Croisé une fois dans le film "Déjà mort" avec Romain Durys dont je ne me souviens guère que du climat très glauque.
Dans "la Môme", il retrace les moments importants de la vie d'Edith Piaf, de son enfance difficile à sa mort à l'âge de 47 ans. En passant, bien entendu, par les diverses étapes de son ascension de la chanteuse de rue vers le statut de grande star de la chanson française. Devant une vie aussi complexe que celle de Piaf, d'après ce que j'ai pu lire sur le sujet, Olivier Dahan me semble avoir choisi de ne retenir que les éléments essentiels pour expliquer son itinéraire et les clés de sa réussite. Par exemple, il a limité le misérabilisme de son enfance (il n'évoque pas son premier mariage et l'enfant qui en résulte). De même, Edith Piaf, une fois reconnue comme artiste de Music-Hall, eut une importante activité de "découvreuse de talents" qu'Olivier Dahan a choisi de simplifier. La période de l'Occupation, présentant quelques ambiguïtés, est complètement occultée.
Pour autant que je puisse en juger, les choix du cinéaste me paraissent cohérents pour ne rester que sur un registre légendaire et pour rendre hommage à Edith Piaf. On sait bien que lorsque la légende dépasse la réalité … etc … etc.
D'ailleurs, le film est monté en flashbacks comme si Edith Piaf, étant rendue à la fin de sa vie, malade, se remémorait divers souvenirs. Un peu comme si le spectateur était invité à suivre le fil de la pensée de l'artiste clouée sur son lit. Et un souvenir en appelant un autre, le film ne cesse de basculer d'une époque à l'autre. Le film parait un peu décousu et pas si facile à suivre de ce fait.
Un point important est qu'Olivier Dahan a fait un film factuel et lucide où Edith Piaf ne cache pas ses propres erreurs et excès comme étant la cause de ses problèmes de santé et de la brièveté de sa vie. Ce qui n'empêche pas de montrer son empathie pour l'artiste et de partager son émotion à de nombreuses occasions.
Spoiler : Comme la scène très forte où son amant Marcel Cerdan se tue en avion alors qu'elle l'avait supplié de revenir vers elle le plus rapidement possible. La mise en scène de cet épisode est extraordinaire de réalisme car le spectateur ressent physiquement, comme Edith Piaf, le vide et le froid soudain dans l'appartement, balayé par les courants d'air, alors qu'elle vient de rêver son retour et son arrivée.
Mais le point le plus important du film, le clou du spectacle, est la prestation inoubliable de Marion Cotillard dans le rôle d'Edith Piaf.
Bien sûr, il y a une grande part due au maquillage et à la posture (affaissée, voutée) de l'actrice pour rendre compte de la petite taille de la chanteuse. Mais surtout Marion Cotillard, qui reste méconnaissable quelque soit la période de la vie de la chanteuse, joue sobrement et adopte un ton juste. La chanteuse de rue ne reste jamais bien loin quelle que soit la période de la vie d'Edith Piaf. On sent qu'elle s'est imprégnée et impliquée à fond dans la mise en œuvre de son personnage.
La distribution est de très bon niveau car on reconnait plusieurs acteurs comme Depardieu, Clotilde Courau, Sylvie Testud, Catherine Allegret, etc …
Le film biographique d'Olivier Dahan rend un bel hommage à Edith Piaf et à son talent.