Ce biopic "à l'américaine" sur Edith Piaf offre à Marion Cotillard le rôle qui lui permettra de devenir la première actrice française à décrocher l'Oscar depuis Simone Signoret.
Effectivement, la jolie Marion joue une partition irréprochable et se donne corps et âme (n'hésitant pas à s'enlaidir considérablement sous les divers maquillages et prothèses) pour ce personnage exceptionnel à la destinée hors-norme. On se dit que la môme Piaf méritait bien un film pour retracer son parcours hors du commun, depuis les trottoirs de Belleville jusqu'aux plus grandes salles new-yorkaises.
Hélas, le réalisateur Olivier Dahan opte pour une narration non chronologique peu pertinente, qui aboutit rapidement à un gros bordel, entre ellipses indispensables et aller-retours temporels évitables.
Certes, ce parti-pris permet d'échapper au côté linéaire et plan-plan du biopic traditionnel, mais globalement le bénéfice ne saute pas aux yeux, puisque le récit est systématiquement coupé dans son élan entre chaque saynète représentant un événement important de la vie de Piaf.
De fait, "La môme" n'est pas exempt de certaines longueurs, notamment dans son dernier quart.
D'autre part, la tonalité du film s'avère très sombre, l'accent est clairement mis sur la dimension tragique de la vie de Piaf, entre les nombreux drames personnels vécus par la chanteuse, et ses multiples addictions qui finirent par lui donner l'allure d'une vieillarde à 45 ans à peine.
Concrètement, le personnage n'apparaît guère attachant dans "La môme", entre ses nombreux caprices de star et son comportement erratique, dans lequel il est difficile de s'identifier.
A mes yeux, "La môme" reste au final un film abouti formellement, qui mérite largement le coup d'œil pour qui s'intéresse aux icônes du patrimoine français, mais ce n'est hélas pas la fresque flamboyante dont on aurait pu rêver.