La momie sanglante est le quatrième et dernier film de la Hammer consacré au thème de la momie. Le réalisateur, Seth Holt, avait déjà mis en scène deux films pour la Hammer, l’intéressant Confession à un cadavre et l’excellent Hurler de peur. L’intérêt de La momie sanglante est de renouveler et de féminiser le thème : ici pas de vieille momie poussiéreuse qui se venge de ceux qui ont osé profaner sa tombe, pas de bandelettes si ce n’est, très brièvement, dans un clin d’œil ironique à la fin du film, mais une reine égyptienne maléfique, aussi fraiche qu’une starlette de publicité pour Monsavon dans les années 60, qui renait, non pour se venger, mais pour retrouver sa puissance par le biais de la possession de la fille de l’égyptologue qui l’a exhumée. Comme l’observe justement Ronny Chester dans son article sur le site Dvdclassik, « La Momie sanglante ne convoque pas un récit de malédiction traditionnel matérialisée par une créature antique à la démarche chaloupée et enveloppée dans des bandages en lambeaux, mais base son propos sur un cas de possession mystique qui mène une femme indépendante et épanouie des années 70 à commettre des actes meurtriers - induits par sa nouvelle et double personnalité - tout en provoquant en elle un conflit intérieur, entre d’un côté une jouissance des pulsions libératrices et de mort et de l’autre une loyauté envers sa nature première et surtout envers son professeur de père. » Et, sur ce point, le choix Valerie Leon s’avère judicieux : ce n’est sans doute pas une grande actrice mais elle est vraiment excellente ici dans le double rôle de la reine égyptienne et de la fille de l’égyptologue. Nicolas Stanzick nous rappelle, dans un bonus une fois de plus très pertinent, que le tournage fut un tournage « maudit ». Peter Cushing, qui jouait le rôle du professeur dû abandonner le film après le premier jour de tournage du fait de l’état de santé de sa femme et fut remplacé par Andrew Keir ; un technicien mourut pendant le tournage dans un accident de moto ; enfin, et surtout, le réalisateur décéda des suites d'une crise cardiaque, une semaine avant la fin du tournage et Michael Carreras du terminer le film dans des conditions difficiles car Seth Holt, ancien monteur, avait l’habitude de monter ses films lui-même en gardant tout en tête sans prendre de notes. Cela explique certaines imperfections du film, son côté éclaté au niveau de l’enchaînement de certaines séquences, éclatement qui, au final, n’est pas négatif et donne au film un côté assez moderne. La photo d’Arthur Grant est très réussie et plusieurs séquences sont plastiquement superbes, faisant parfois penser à Mario Bava, ou à Jacques Tourneur, ce qui n’est pas peu dire ! Le film est édité chez Tamasa dans une copie superbe.