Il y a des réalisateurs comme Thomas Salvador qui sont trop rares. La Montagne est seulement son second long métrage et forcément après la réussite qu'était Vincent n'a pas d'écailles son retour était attendu. Il faut noter une similitude entre les deux films, qui ont tous les deux un traitement assez naturaliste de phénomènes surnaturels et cette approche est rafraichissante.
Parce qu'au départ on pouvait avoir un peu peur quand on voit cette histoire de crise existentielle chez un mec de 50 ans, employé de bureau, et qui est inexplicablement attiré vers la montagne. Mais là où immédiatement Salvador va se distinguer c'est que justement il n'explique rien, il n'y a pas de psychologisation, de traumatisme à résoudre et fait la part belle aux silences et aux paysages somptueux. Il n'y a quasiment pas de dialogues, très peu de personnages et ça permet de sentir le calme que ressent le personnage lorsqu'il se promène sur ces parois rocheuses et enneigées.
Bref il y a un côté paradoxalement très terre à terre, Pierre, le héros, se sent bien en montagne et ça lui fait du bien et ça se voit... On le voit même faire le truc le plus français du monde : aller acheter une tente Quechua... C'est dire si c'est terre à terre... On explique bien comment il fait pour rester là, qu'il a de l'argent de côté, comment il fait pour se procurer à manger... Sans trop en faire non plus, ce n'est pas un film de survie... Et puis à la moitié du film il y a une rupture de ton et là je pense qu'une partie des spectateurs peut être un peu perdue, parce qu'on voit des choses qui tranchent avec ce qu'on a pu voir jusque là.
Mais de la même manière, rien ne sera expliqué, il n'y a pas de sens préfabriqué à appliquer sur ce que l'on voit et finalement chacun peut se faire sa propre interprétation s'il le souhaite. Qu'est ce que l'on vient de voir, qu'est ce qui vient de se passer... Et de la même manière que Vincent n'a pas d'écailles, la fin est un peu douce amère et vraiment belle.
Je tiens à signaler que je suis étonné de voir Louise Bourgoin jouer correctement (son seul bon film ?), comme quoi quand tu as un réalisateur qui fait dans la simplicité et qui fait jouer simplement, n'importe qui devient bon acteur. Salvador est pas mal aussi dans son rôle (mais j'avais moins de doutes à son sujet, il était déjà bon dans son film précédent).
Bref, c'est un film qui possède des idées et des images marquantes et qui laisse à penser une fois le visionnage terminé.