Réalisé en 1973 par Aristide Massaccesi (véritable patronyme de Joe D'Amato), La Mort A Souri À L'Assassin reste l'un des films les plus ambitieux du cinéaste. L'histoire se déroulant au début du XXe siècle, les accessoires, costumes et décors sont soigneusement et judicieusement sélectionnés pour offrir un maximum de réalisme temporel à l’œuvre. Et d'un certain côté, ça fonctionne, si ce n'est que la plupart des membres du casting masculin ressemblent physiquement à ceux d'un film pornographique vintage. Ce qui gâche un tant soit peu le plaisir de se plonger dans les sinuosités d'un script onirique, voire fantomatique, peuplé d'un spectre vengeur et de meurtres ultra gore.
Vedette du film, la blonde aux yeux bleus Ewa Aulin, érigée starlette depuis le succès commercial du foufou (et pas terrible) Candy, réalisé par Christian Marquand en 1968, où elle donnait la réplique à Marlon Brando, Richard Burton, James Coburn, John Huston, Charles Aznavour, Ringo Starr et Walter Matthau (n'en jetez plus !), elle s'affiche ici aux côtés de Klaus Kinski qui n'apparaît qu'une poignée de minutes dans le rôle d'un médecin plongé dans ses tubes à essai et ses ouvrages médicaux. Rien d'intéressant à composer et où l'acteur allemand en fait, par ailleurs, le strict minimum. C'est donc à la jolie Ewa que revient le mérite de nous transporter dans cette histoire confuse, plutôt mal écrite, mais joliment filmée et fantasmagorique à souhait.
Quelque part en Europe en 1909, la jeune Greta, qui vit une relation incestueuse avec son frère ainé, devient amnésique suite à un accident de calèche. Recueillie par un couple d'aristocrates, Eva et Walter von Ravensbrück, qui s'entiche rapidement d'elle, Greta est soignée par un médecin qui semble surtout intéressé par son étrange médaillon inca, objet permettant la résurrection des défunts...
Premier film d'horreur du cinéaste, qui va se spécialiser dans le genre, toujours saupoudré d'érotisme, La Mort A Souri À L'Assassin se joue des codes du giallo tout en empruntant quelques scènes à l'univers d'Edgar Allan Poe (chat agressif, victime emmurée vivante, etc.). Nous sommes donc ici en terre bel et bien connue, néanmoins heurtés par la sauvagerie des meurtres et happés par l'onirisme d'une atmosphère morbide dont le réalisateur atteindra le point culminant avec son très glauque Blue Holocaust quelques six ans plus tard.
Ce n'est donc pas une grande réussite (mais pas non plus un ratage intégral) qui nous est proposé ici après plus de 40 ans d'invisibilité sur tout support. Édité en Blu-ray par Le Chat Qui Fume en exclusivité mondiale, La Mort A Souri À L'Assassin reste une curiosité pour tous les adeptes de péloches déviantes ponctuées d'érotisme et de scènes gore.