Je suis un grand amateur des ambiances anglaises de la dernière guerre, vous savez, Graham Greene, Evelyn Waugh, de l'espionnage d'avant l'espionnage, des bombardements mais pas de front, de l'administratif et du militaire qui se mélangent un peu n'importe comment...
Ici, dans ce très chouette film admirablement offert par l'homme dont le titre de la critique d'à côté défie l'imagination et le meilleur des mauvais goûts, c'est justement de ça qu'il s'agit. L'armée n'a pas encore pris la pleine direction des opérations intérieures on sous-traite à des officines de chercheurs semi-privées, on leur refile des soldats comme assistants tout de même, histoire de foutre le boxon et le tout nage entre deux eaux plus ou moins troubles...
David Farrar est le britannique ultime, flegme et pipe au bec, il appartient à une de ces officines de recherche scientifique et là, il s'intéresse pas mal à un nouveau genre de mines envoyés par les perfides teutons...
David Ferrar, c'est la moulasse du Narcisse noir qui m'avait empêché (avec la frigide Kerr par-dessus, c'était trop pour mon petit coeur sensible...) de goûter ce Powell-Pressburger là...
David Ferrar, ça me fait mal de l'accorder au verre de bière sus-nommé, est en fait absolument parfait ici, débordant de classe et de présence, d'une aisance à toute épreuve, surtout que le rôle n'est pas particulièrement épargné : pensez-donc, il a une jambe en moins et rien n'y fait, la douleur le bousille, un peu comme Docteur Maison, vous voyez, sauf que lui, il a pas de Vicodin, et le reste ne marche pas, enfin, sauf le whisky, ce qui pourrait être pratique, mais il a aussi une fâcheuse tendance à l'alcoolisme vous voyez, donc il n'a pas le droit, pis sa poule le surveille, en plus elle bosse avec lui et a de l'ambition à sa place, autant dire qu'il a une vie infernale...
Soyons francs, cet aspect du film n'est pas, et de loin, le plus subtil, heureusement, il y a des compensations, une grande scène de déminage, de jolies scènes de bar (la bière, il a le droit jusqu'à une certaine quantité...) et de jolis chassés-croisés dans les ministères...
Ah oui, aussi, même si la poule est parfois dure et pas très jolie elle a un petit coté touchant et surtout la plus jolie dernière réplique que j'ai entendu depuis longtemps, ce qui termine parfaitement un film de guerre particulièrement original.