En 2013, Meryl Streep a reconnu que ce film de 1982 était le pire qu’elle ait tourné. On peut faire confiance à son grand talent pour savoir de quoi elle parle. Et ça veut dire aussi qu’elle le place en dessous de « Mamma Mia », un exploit en soi 😄 !!! Le réalisateur Robert Benton avait triomphé en 1979 avec « Kramer contre Kramer » (très bon) dans lequel la vedette principale était déjà Meryl Streep. C’était son seul gros succès international en tant que réalisateur. Pourtant ici, l’actrice semble bien mal à l’aise comme si elle n’avait jamais réussi à s’approprier ce rôle de Brooke Reynolds, suspecte étrange d’un meurtre, travaillant dans une salle de ventes aux enchères prestigieuse. C’est son patron et amant qui a été tué. Ce dernier suivait depuis 2 ans une psychanalyse avec le Dr Rice (Roy Scheider) et lui avait parler de cette liaison. Rice va se lancer dans l’enquête dans le monde des enchères, à ses risques et périls, à la fois dubitatif et irrésistiblement fasciné par cette jeune femme. Bon, que Meryl Streep n’ait pas été convaincue du tout par son rôle et le film en général, c’est une chose, mais le problème vient surtout du fait que Benton voulait réaliser un hommage non dissimulé à Hitchcock.
Et il va nous recycler dans son film des allusions assez nettes aux chefs d’œuvre hitchcockiens que sont « Vertigo » (la chute finale), « La mort aux trousses », « La maison du Dr Edwards » (la psychanalyse, le rêve qui est la clé de l’énigme…), « Fenêtre sur cour » (quand Brooke est observée en train de se déshabiller par la fenêtre), « Pas de printemps pour Marnie » (la blonde diaphane traumatisée par la mort de son père dont elle n’est pas responsable), le meurtre au couteau peut aussi rappeler « Psychose » et on pourrait continuer la liste longtemps tellement les « emprunts » sont nombreux. Au final, le scénario est bourré d’invraisemblances et de clichés (la petite fille qui représente la mort, Rice qui à 3 reprises dans des lieux sombres et inquiétants lance « Il y a quelqu’un ? »…). Hitchcock était un génie créateur qui a créé tout un nouveau langage cinématographique : à quoi le refaire en forme de clins d’œil puisqu’il l’avait déjà si bien fait ??? Et puis il mettait dans ses films toujours une dose d’humour qui lui permettait de jouer avec le spectateur/spectatrice. Ici, Benton reste sérieux jusqu’au ridicule : la chouette qui hurle, la petite fille qui arrache l’œil de son nounours et le sang qui se met à en couler dans le rêve🙄…Parmi les héritiers revendiqués d’Hitchcock, un Brian de Palma a montré autrement plus de talent, et de personnalité, dans ses meilleurs films ; c’est sans doute ce qui manque le plus ici.