Dans une maison située en Suisse, une jeune américaine va être assassinée alors que le mari dormait et que l'épouse était partie à une soirée. L'homme n'a aucune preuve à charge, mais les soupçons vont peser peu à peu sur lui, de sorte qu'il va commencer à s'enfoncer psychologiquement parlant.
Le film est en soi une très bonne surprise, car il a intelligemment transposé le roman homonyme de Georges Simenon en le ramenant en Suisse, car Jean Desailly, le principal suspect, est vu comme un étranger dans tous les sens du terme. Au sein de la ville, qui l'ignore peu à peu, par sa femme dont les rapports semblent se résumer à la plus simple expression, et dans cette affaire où les on-dits vont tellement le marquer qu'il va en subir des conséquences morales désastreuses, et va commencer à boire ainsi que fréquenter la secrétaire du policier qui l'interroge.
J'avoue ne pas avoir anticipé le reste de l'histoire, malgré quelques personnages à la mine patibulaire, dont Yves Robert en tenancier de bar, mais le film est dans une noirceur dont Edouard Molinaro nous habituera peu par la suite. On se rapproche du Témoin dans la ville, avec un formidable Jean Desailly, qui semble comme pris dans un engrenage infernal, puis semble peu à peu se persuader qu'il a fait quelque chose. Tout cela parce que cette jeune américaine, jouée par Alexandra Stewart, avait des sentiments pour lui, et qu'il pourrait l'avoir étranglée.
D'ailleurs, l'histoire semble flirter avec les limites de la bienséance, avec des dos nus de femmes, ainsi qu'un fort sous-entendu sexuel sur le personnage de Desailly qui pourrait être la clé de l'histoire.
Je regrette juste qu'en moins de deux minutes, l'intrigue soit pliée alors que jusque-là, tout était fait pour brouiller les pistes, et que les personnages féminins, dont Alexandra Stewart qu'on voit peu, ainsi que l'épouse du personnage de Desailly, soient peu exploitées. C'est un très bon film qui mérite de s'intéresser un peu plus à ce réalisateur sous-estimé qu'était Edouard Molinaro.