En 2016, après sa sélection en séance spéciale au festival de Cannes, La mort de Louis XIV fut encensé par une critique quasi unanime. Ce bel accueil se concrétisa ensuite par l’obtention des prix Louis Delluc et Jean Vigo. Pour sa part, le public réserva au film un accueil plus réservé en salles (38000 spectateurs).
Pour notre part, le caractère éblouissant de l’incarnation du Roi-Soleil par Jean-Pierre Léaud ne nous a guère aveuglés. De même, la recréation des derniers instants du monarque à Versailles - mondanités et contentements distribués en chapelet - ne nous a pas semblé vecteur à soulever les foules, fussent-elles cinéphiles.
En effet, si Albert Serra a su joliment draper son film de lumières en clair-obscur, ses longs plans-séquences en caméra fixe et proches des corps finissent par lasser d’autant que nombre d’entre eux sont inutilement étirés. Le récit peu captivant gangrène l’intérêt des spectateurs. Dans cette lente mort du Roi-Soleil, l’auditoire aura sa part d’agonie. Mais le réalisateur nous fait une promesse en concluant son film par la réplique « Messieurs, nous ferons mieux la prochaine fois. » !
En fait, cette Mort de Louis XIV manque de… vie. La faute n’en revient pas à Sa Majesté emperruquée et poudrée Jean-Pierre Léaud. Son rôle de mourant agonisant impose par essence un jeu restrictif. Le temps des Quatre cents coups (1959, François Truffaut) est définitivement révolu. La faute en revient à une mise en scène trop minimaliste et statique. Deux qualificatifs qui caractérisent aussi la composition des rôles secondaires théâtraux et perfectibles. Un, deux, trois soleil !