Préambule : en cette merveilleuse période de fêtes entre les prix qui flambent et le gaz qui craint, évitez ce film au retour d'un repas chez la belle-mère ou après une niaiserie de nowel comme la TNT et les gros bazars en diffusent des caisses depuis que Mbappé est rentré chez lui. C'est vraiment glauque du début à la fin.
Ce film est l'un des premiers Poliziottesco et il est issu du roman "Les Milanais tuent le samedi" de Giorgio Scerbanenco, auteur (policier mais pas que) prolifique qui va être adapté de nombreuses fois dans les 70's.
Là aussi, si vous êtes venu chercher des pétarades viriles ou les aventures du Maréchal Nico Giraldi (à découvrir cependant, c'est assez fendard), vous allez trouver ce film assez lent et statique et tjs glauque.
On suit donc dans cette co-prod IT-RFA (comme on disait à l'époque), les mésaventures de Raf Vallone (tjs excellent) en veuf solitaire qui boit de la Grappa le matin avec une fille problématique de par ses lourdes pathologies qui disparait sans laisser de traces dans le milieu glauque de la prostitution de luxe d'un grand centre urbain (Milan).
Désespéré, il fait le tour des flics, se fait jeter puis accède au commissaire Duca Lamberti (Frank Wolff, déjà vieilli, peu avant son suicide mais excellent aussi) et son adjoint Mascaranti (Gabriele Tinti) aux cheveux trop longs.
Je spoile pas mais les diverses scènes d'enquête et autres interrogatoires sont assez excellentes entre les mères cyniques, les pères désabusés, les clients aussi pervers que bien et hypocritement socialement installés et les "escorts" lucides et/ou toxicos.
De fait, ce film dépasse le simple récit policier et nous entraine dans une réflexion bcp plus large sur la fin du "miracle italien" si cher à la comédie italienne et le début des années de plomb (période fun). J'ai pas lu le bouquin mais je vais le rechercher dans sa traduction la plus récente.
On se prend à rêver du même sujet dans les pattes d'un Petri, d'un Germi voire d'un Pasolini même si l'éclectique carrière de Duccio Tessari (Péplums, Giallo, Zorro et du nanarland à foison sur la fin) possède quelques trucs à sauver genre Et vive la révolution que je vous conseille.
Tessari connait son taf, et même si cela part lentement ça tient ensuite la route jusqu'à la (non) happy end.
A découvrir pour les fans de polars sociaux et réalistes, glauques et sans concessions. A la même époque, la France en était à Borsalino et pas encore à Série Noire.
Pour les curieux de l'époque et du sujet il y a aussi Le commissaire Pepe de Scola avec Tognazzi en plus satirique et moins étouffant.