Oeuvre humaniste à dimension métaphysique, ce remake d'un classique du fantastique de 1958 (la Mouche noire de Kurt Neumann, avec Vincent Price), est en réalité, comme pour The Thing de Carpenter, plutôt une nouvelle transposition d'un thème connu, mais adapté à notre époque, à nos préoccupations. La version de Cronenberg enrichit le sujet de toutes les obsessions de l'auteur, on y reconnait en effet sa marque avec son goût du morbide et du nauséeux ; ce qui n'était en 1958 qu'une approche des rapports entre la science et ses dangers devient ici une angoissante chronique et en même temps un hymne bouleversant à la tolérance et à l'amour vis à vis de ceux qu'isole la maladie. Quand on suit la lente et inexorable dégradation physique et psychique de Seth Brundle, on pense au cancer ou au sida, le film étant tellement ancré dans la vie contemporaine, d'où l'extraordinaire résonance qu'il a eu en 1986. Mais cinématographiquement, ce film s'inscrit parmi les chefs-d'oeuvre du ciné fantastique moderne, l'accent est mis de façon prodigieuse sur les effets de maquillage un peu gore, en permettant à Chris Walas de se surpasser dans sa technique des chairs en décomposition, où le visage de Jeff Goldblum subit des mutations impressionnantes, et l'interprétation de ce dernier rend encore plus pathétique sa mutation irréversible. Un bon film mais que je ne peux noter au-delà de 7/10 en raison de quelques détails qui me dérangent un peu, j'ai souvent ce problème avec Cronenberg...