Plus grand buzz horrifique de David Cronenberg, La Mouche reste aujourd'hui encore l'un des tous meilleurs films de genre, et probablement le plus abouti...
Seth Brundle, inventeur brillant et solitaire, aux cinq ensembles de fringues identiques et à la nuque particulièrement longue, a presque terminé de mettre au point - et dans le plus grand des secrets - ses machines à téléportation qu'il appelle "télépods". Il faut dire que le type, relativement sûr de lui, a la phobie des transports. Pas de hasard donc, Seth est du genre rationnel et à vouloir résoudre ses problèmes existentiels. Et c'est au cours d'un dîner où le gratin des chercheurs sera convié, qu'il rencontrera une jolie journaliste qu'il s'acharnera à inviter dans son entrepôt dans le but de la sauter... Ce qu'il fera par la suite.
Le truc, c'est qu'à cet instant il ne peut téléporter que des objets inanimés, pour des raisons de bouleversement de constitution, car même les steaks qu'il met dans sa machine ont la texture et le goût d'une semelle de chaussure. C'est alors que Seth inventa la poésie du steak... Et que tout s'arrangea. La suite, je ne voudrais pas trop spoiler, mais ô que ce scénario fonctionne à merveille ! C'est d'ailleurs ce qui fait généralement la différence entre un film de genre lambda et un film de genre signé David Cronenberg.
Bien sûr, certains de ses thèmes de prédilection comme la mutation/fusion, la bestialité, la chair, l'accouchement (quelle scène !), l'avortement et donc la mort, sur fond de gore et d'humour noir, nous invitent à un mix jubilatoire de rire et de cradingue, mais surtout d'idées géniales. Les différents éléments d'évolution de la fusion par exemple, liés aux capacités physiques décuplées et à la mégalomanie du bonhomme qui viendra avec, faisant mouche ! Huhu.
Jeff Goldblum incarne parfaitement - jusque dans le mouvement épileptique des yeux de quoi-vous-savez - ce savant-fou sur lequel les maquilleurs ont réalisé un travail remarquable. Son meilleur rôle probablement. Quant à Geena Davis, impossible de ne pas tomber sous son charme.
La Mouche atteint des sommets d'esthétisme gore (1986 quand même !), et comme très souvent la bande originale d'Howard Shore parvient à filer la chair de poule, malgré sa grandiloquence aussi impressionnante qu'exagérée par moments... Mais c'est aussi ça qu'on aime ! Et si la mise en place du film n'a rien d'extraordinaire, sans pour autant être ennuyeuse, la seconde partie s'avère tout bonnement jouissive : les scènes deviennent de plus en plus folles et jusqu'au-boutistes, et David Cronenberg se lâche totalement dans un final infernal, à en baver de plaisir !