Du roman dense de Louis Bromfield, on pouvait imaginer trois façons de l’adapter. Soit une riche fresque historique capable de rendre compte de la complexité des personnages avec une dernière partie jouant la carte du spectaculaire et du drame ; soit se servir de l’histoire comme d’un prétexte pour se focaliser sur la catastrophe naturelle ; soit jouer la carte du mélodrame.
Dans le sillage de Clarence Brown dont il signe ici le remake, Jean Negulesco (ou plutôt la Fox) a davantage fait le choix du mélodrame tout en essayant de ne pas négliger les deux premières options. Un choix forcément bancal qui ne rend pas justice au superbe roman de Bromfield et qui sacrifie l’épaisseur des personnages à la volonté de montrer les qualités du Technicolor. Alors certes, c’est très joli, les couleurs sont éclatantes, les effets spéciaux de la catastrophe demeurent tout à fait corrects, les acteurs ont de l’allure, mais tout est creux, vide et sans âme.
Ne reste donc qu’un mélodrame binaire et sans enjeux où les personnages sont totalement sacrifiés. Dès lors, il devient impossible de comprendre l’évolution subite de leurs sentiments et chaque péripétie sentimentale apparaît totalement caricaturale. A vouloir survoler un sujet en or pour ne mettre en valeur que le savoir-faire d’un studio (couleurs, acteurs, effets spéciaux), on se retrouve forcément face à un objet démodé qui rate l’essentiel et qui n’est qu’un sirupeux mélodrame gentiment ennuyeux avec quelques belles images.