L’amour du cinéma n’a pas d’âge

Bon, bon, bon, pourquoi 6 ?

Parce qu’il y a dans ce film un aspect, un angle, un prisme que l’on ne retrouve très peu au cinéma : la vieillesse. En effet, tout le film tient uniquement par le suivi et le profil du personnel principal (Clint Eastwood), 88 ans quand même et une performance a couper le souffle. D’une part, on ne voit pas souvent un personnage si vieux tenir un film de 2 h et demi (et ça fait forcément quelque chose), d autre part car cet âge est la pierre angulaire même du film : le rapport au monde d’une personne qui n’est plus adaptée à l’évolution de ce monde, de cette société.

Il y a une phrase importante dans le film. L’agent interprété par Bradley Cooper lui fait une remarque sympathique : « ha vous les vieux vous n’avez pas de filtre hein » ; ce à quoi Clint répond « je n’en ai jamais eu ». De cette façon, il montre du doigt le filtre que s’impose la nouvelle génération, code qu’il ne comprend pas et qui sera la base de la plupart des mini-interactions du film (généralement des propos un peu borderline blacks/gay etc).

Ce film fait instantanément partie des films à personnages, un film suite auquel on a l’impression de s’être fait un ami, à qui on s’est attaché, avec qui on a voyagé. Un personnage qu’on aime et qui nous fournit de nouvelles clés pour mieux comprendre et analyser la société dans laquelle nous vivons, si peu habitués que nous sommes au regard curieux et déstabilisant des personnes âgées.

Pourquoi juste 6 alors ?

Parce qu’au delà du personnage magistralement campé par Clint (et qui doit sûrement être une miroir de l’acteur mais je ne connais pas assez la carrière du bonhomme pour me positionner là dessus, oupsssss), le scénario ne tient pas tellement la route. Les cartels, bien que sympathiques, sont caricaturaux au possible ; la phase d’enquête est inintéressante, ne nourrissant aucun suspense et se contentant de faire avancer bien maladroitement l’intrigue, sans surprise ; la réalisation est belle mais extrêmement classique (bien sûr, on n’attend pas d’un homme de 88 ans de bouleverser les codes du cinéma, mais bon, certains poncifs sont regrettables) ; certaines relations entre les personnages demeurent un peu superficielles ; la fin est très décevante...

Bref le film repose uniquement sur ce beau et unique personnage et sur le comédien à la sublime carrière qui l’interprète et pour cela, il mérite d’être vu. D’autant que les deux heures passent assez vite et qu’on s’y amuse plutôt bien.