Découvert lors de sa projection folklorique au festival BRIFF de Bruxelles, Fils de Plouc a tout du futur film culte, ovni absurde et excessif poussant toujours plus loin le curseur de la folie et du mauvais goût. En ce sens, la première scène, dans laquelle les deux protagonistes jouent avec un caca apparait comme une synthèse autant que comme un avertissement.
Pourtant, si Fils de Plouc n’épargne aucun vice et aucune vanne de mauvais goût, il parvient à conserver un équilibre agréable grâce à un humour absurde et des personnages surréalistes, presque cartoonesques, voire même grâce à quelques instants tendres et doux, nous faisant explorer divers quartiers de la ville de Bruxelles qui n’a jamais été aussi punk.
Car punk le film l’est : avec sa caméra à l’épaule fort mobile et certaines séquences volontairement « amateur », Fils de Plouc et son rythme absolument frénétique (aucun temps mort, une heure dix au compteur) présente un charme de l’artisanal, du (faux) brouillon. Un parti pris probablement dû au peu de moyens dont disposaient les réalisateurs mais parfaitement dans la lignée de l’ambiance et du récit que présente cette aventure loufoque.
Une aventure qui relève le défi d’amener chaque fois une scène plus folle, surréaliste, violente et sale que la précédente, dans un dédale de personnages délirants et réussis, interprétés par des comédiens aussi talentueux qu’impliqués, des plus amateurs aux plus confirmés (coucou Mathieu Amalric). Et dans cet immense bordel (maitrisé), des répliques hilarantes (notamment une sur le permis de conduire) rivalisent avec des séquences complètement what-the-fuckesques (notamment un clip…) pour aboutir à un ratio de rires et de gênes plus que convaincant.
Présenté à Sundance dans la section Midnight qui lui va très bien, Fils de Plouc est aussi excessif qu’insolent et décomplexé et c’est ce qui le rend aussi génial qu’énervant. Je ne doute pas sur le fait qu’il divisera le public mais on ne saura lui enlever son enthousiasme communicatif et sincère. On n’est pas tous égaux face à la nécrophilie. Mais en tout cas, dans cette salle du cinéma des Galeries, mêlé à un public généreux et à des bières délicieuses, j’ai vécu une des plus fantastiques et des plus drôles projections de l’année.