Pour la quatrième fois, Philippe Jaenada enfile sa veste d’enquêteur pour plonger dans une vieille affaire, celle de l’affaire Taron durant laquelle un fameux « Etrangleur » aurait tué un enfant de 11 ans en 1964.
Les habitués de cet écrivain fabuleux se sentiront dans leurs pantoufles en dévorant ce livre. On y retrouve l’analyse minutieuse de toutes les archives possibles et disponibles (PV, journaux de l’époque, correspondances…), la visite contemporaine de certains lieux et bien sûr les inévitables et délicieuses digressions de Jaenada, moins nombreuses que dans les romans précédents mais toujours drôles et parfois émouvantes, qui amènent une légèreté et une parenthèse bienvenue dans ce récit sordide et extrêmement précis. Et en parlant de parenthèses, on en retrouve autant que dans les ouvrages précédents, un bonheur pour les fans de l’écrivain qui reconnaitront bien son style.
Pour les novices, « Au Printemps des Monstres » s’avèrera être une plongée radicale et violente dans l’univers Jaenada. L’ouvrage est long, très long, (trop long) et souffre parfois de redites, certaines inévitables, d’autres moins. Jamais l’écrivain ne s’est à ce point plongé dans l’affaire, au point de parfois s’y perdre. Jamais le détail ne s’est jamais révélé aussi important et la recherche de vérité aussi obsessionnelle. Et à l’image du protagoniste de Blow Up (et de Conversation Secrète… et de Blow Out … Et de Profondo Rosso…), Jaenada se noie dans son obsession du détail, qu’il triture à la recherche d’une vérité qui lentement se dérobe.
Reste une enquête passionnante et maitrisée, dans laquelle le lecteur découvre non seulement une démonstration aussi implacable que terrifiante, une galerie de personnages tous aussi monstrueux les uns que les autres, une présence solaire et, enfin, un portrait terrible des années 60. Car un fait divers n’est rien (ou pas grand-chose) s’il ne parle pas de son époque.