Dean Corso est un chasseur de livres anciens, largement appâté par le gain financier plutôt que la recherche de savoir. Il est missionné par un riche collectionneur, afin de déterminer si un ouvrage satanique de la Renaissance est bien authentique. Il devra pour cela voyager en Europe, où moult dangers le guetteront...
"The Ninth Gate" est un thriller ésotérique assez singulier, signé Roman Polanski. Singulier d'une part car on y découvre l'univers aussi riche que poussiéreux des collectionneurs de livres anciens, teinté de fantastique. D'autre part, car Polanski n'a pas peur d'y aller fort.
Si la première moitié est posée et inquiétante, la seconde aligne les morts graphiques, le surnaturel ostensible, et de l'humour noir inattendu ! A ceci s'ajoute pas mal d'effets numériques qui, avouons-le, n'ont pas toujours bien vieilli. Fausses flammes, fonds verts, ou ce générique mystérieux mais qui en en HD ressemble à un écran de veille Windows 98...
Ca passe ou ça casse. L'ambiance intrigante fonctionne bien pour ceux qui y adhèreront, appuyée par une jolie BO lugubre, et une photographie de bel effet. Ainsi que des décors européens bien exploités. Un cadre qui a du fortement arranger Polanski, exilé des USA !
D'autant plus que Johnny Depp est à l'aise en détective littéraire désabusé, roublard, mais largué par les dangers. Détail amusant, Depp n'avait que 34 ans alors que son personnage est censé être plus vieux, l'acteur a donc du légèrement se teindre les cheveux en blanc.
On n'en dira peut-être pas autant d'Emmanuelle Seigner, qui a l'air déconnectée du film... mais cela s'accorde avec son personnage au rôle trouble, et avec son "employeur".
"The Ninth Gate" bénéficie en réalité surtout de son très bon scénario, avec cette quête de plus en plus étrange et violente dans le milieu du satanisme. Le final semble avoir déçu plusieurs spectateurs, mais offre en réalité plusieurs degrés de lecture. Mettant le reste du film en perspective, ce qui privilégie un second visionnage.
En effet, on peut adhérer au fait que Corso parvienne à ouvrir la porte des enfers (la neuvième porte) simplement parce qu'il dispose enfin des 9 gravures originales de Lucifer. Et qu'il se trouve au bon endroit.
Mais une explication plus séduisante est que les 9 portes ne correspondent pas seulement aux gravures, mais à des épreuves ou situations qu'il faut réussir ouvrir chaque porte. Chaque gravure évoque ainsi une scène précise du film que Corso "passe" avec succès.