La Nouvelle guerre des boutons n’a de nouveau que l’épithète placée dans le titre originel, celui du roman et de son adaptation au cinéma par Yves Robert. Le film est perdu entre plusieurs époques qu’il ne parvient jamais à concilier sinon par la maladresse et par la désuétude : celle du roman de 1912 ; celle de la Seconde Guerre mondiale, et plus précisément de l’Occupation allemande ; celle dudit long métrage de 1962, où la malice et l’innocence des enfants transparaissaient avec éclat ; celle de 2011, que définissent l’explicitation par le dialogue de tous les enjeux historiques, l’interprétation poussives d’acteurs confirmés visiblement peu à l’aise, le montage charcutier qui segmente ses scènes déjà brèves en une défilade de plans de quelques secondes à peine, la pudeur dans le filmage des corps et des pratiques des deux bandes en présence.
La ruralité telle qu’elle est ici montrée, et son opposition avec Paris par le biais du personnage féminin, ne renvoient à aucune réalité territoriale ou historique ; elles participent de la célébration d’une campagne enchantée qu’Honoré d’Urfé n’aurait pas reniée, incapable de transposer par le jeu des enfants la guerre qui décime leurs parents. La musique de Philippe Rombi englue l’ensemble dans un lyrisme facile, qui emprunte au thème principal composé par James Horner pour The Land before Time (Don Bluth, 1988). Seule la photographie assure un semblant de spectacle, soigne ses paysages auvergnats et leur confère un charme suranné à la Yves Robert. C’est bien peu.