La Nouvelle Légende du grand Judo a été réalisé par Kurosawa sous la pression des studios, durant les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Il s’agit de la suite directe de La Légende du grand judo qui avait connu un grand succès. On y retrouve Sanshiro Sugata devenu un redoutable judoka.
L’intrigue met en scène l’affrontement entre divers sports qui relèvent d’une technique différente mais aussi d’un esprit différent : la boxe américaine qui dans les yeux de Sanshiro apparaît comme un spectacle vulgaire et le karaté représenté ici par deux frères déséquilibrés, sans valeur morale, et bien sûr le judo toujours représenté par Sanshiro.
La mise en scène des matchs de boxe est intéressante. Une fois de plus, comme dans La Légende du grand judo, Kurosawa s’intéresse aux spectateurs et nous fait ressentir le déroulement de l'action à travers eux. Mais ici, le comportement des spectateurs est bien différent de ceux qui assistent à un combat d’art martial. Il n’y a aucune retenue, les gens, hommes et femmes, vocifèrent et se déchaînent. La boxe est clairement dévaluée face à la belle tenue d’un combat d’art martial. Dans le regard des japonais, reflété dans ce film, la boxe est effectivement plus celui d’un spectacle que d’une voie de sagesse.
Le dernier combat : judo vs karaté reprend la formule de celui que l’on voit dans La Légende du grand judo. Il a lieu également en plein air, sans spectateur, cette fois-ci non plus dans un grand vent, mais dans la neige. Un combat accompagné des cris typiques poussés par le karatéka et de nombreuses postures saccadées des bras tandis que Sanshiro habite son silence et mesure ses gestes. Le visage du karatéka est traversé de grimaces tandis que celui de Sanshiro reste calme. Deux techniques, deux esprits encore différents.
Film de commande, avec une intrigue très simple, ce film considéré comme l’un des moins réussi de Kurosawa n’est pas sans intérêt. Sans vraiment approfondir le sujet il met face à face diverses techniques de lutte. Si le film comporte une touche anti américaine en cette période de seconde guerre mondiale, il n’en reste pas moins que la différence mise en avant sur l’ambiance des combats, est assez bien vue.