Sans surprise, ce second épisode est certainement l'un des plus mauvais films de Kurosawa. Reprenant là où l'autre s'est terminé, il se contente de reprendre les mêmes personnages (ou presque), répondant à des questions sur le judo qui étaient jusqu'alors ouvertes à l'interprétation, en mettant bien l'emphase sur son véritable esprit par rapport aux autres formes soit-disant bâtardes, sur un ton légèrement ironique. Ici tout est expliqué avec une mise en scène presque réduite à néant.
En gros, toutes les qualités du premier sont expurgées en gardant le pire, à savoir un rythme (très) lent, et surtout des adversaires vraiment ridicules. Les principaux adversaires, un américain et deux karatékas, sont au summum de la caricature, le premier faisant des "com'on" à tout bout de champ en se battant comme une savate (tout a commencé car un porteur l'avait brusqué) qui débouche vers une reprise humoristique du premier duel, et les autres (qui veulent venger leur frère), brayant comme pas possible avec des mouvements à deux à l'heure et une grâce de pélican. Sans oublier une interprétation de la folie (du frère cadet), à la manière du théâtre Nô, qui sombre dans l'excès. Quant à Sanshiro, ses défauts sont grossis dans la même tonalité que les autres : encore plus benêt que d'habitude et s'endort durant la méditation.
La seule qualité du film est d'approfondir un axe de la psychologie du héros, même si ça a pour effet de réduire d'autant sa profondeur : Comment se battre tout en prenant pitié de l'autre ? Car l'un des traumas de ce dernier était l'effet catastrophique de la défaite sur la psychologie de ses adversaires. Dommage que le scénario porte uniquement sur ça, créant des longueurs épouvantables (il doit y avoir 3 pauvres scènes d'action), mais je trouve que AK, contrairement à Le plus beau, parvient à détourner ici de belle façon le cadre limité de la commande, vers l'opposition entre esprit des arts-martiaux et exhibition.
Enfin, le combat final tant attendu est une parodie du premier, avec une chorégraphie à la ramasse, et surtout une mise en scène ridicule (la neige ne fait pas tout, il faut savoir la mettre en valeur), avec un judoka zen face à un karatéka qui s'énerve tout seul en faisant des moulinets avec ses bras. Ne reste que la scène finale qui dure trois plombes, mais qui une fois ses intentions dévoilées, a un charme certain. Le judoka a enfin gagné : l'humanité de ses adversaires est revenue à la vie malgré sa victoire. Il rit, il est content, et nous aussi que ce film se termine.
Bref, La Nouvelle Légende du grand judo est une suite sans éclat, assommante, et auto-parodique, qui a pour unique mérite de détourner l'intention première (raviver la flamme nationale) au profit d'une réflexion humaniste sur le judo.