Le genre du zombie, depuis La Nuit des morts-vivants de George Romero, n’a eu de cesse de s’adapter aux années et les œuvres se sont multipliées au gré de la demande et des formats : Resident Evil en jeu vidéo avant de rejoindre le grand écran, The Walking Dead en comic et sur le petit écran, 28 jours plus tard au cinéma… Les exemples sont nombreux. Mais La Nuit a dévoré le monde va à contre-courant de ce qui a été proposé jusqu’ici. Peu importe les zombies, comment le sont-ils devenus et si la civilisation trouvera une échappatoire à sa situation funeste. Par le biais du protagoniste principal, Sam, Dominique Rocher livre avec son premier long-métrage un bel essai sur la solitude.
Car Sam est seul. Seul au point de retourner chez son ex-petite amie pour reprendre un carton de vieilles cassettes dont il a besoin. L’occasion pour lui de constater qu’elle a refait sa vie, qu’elle organise une fête où tout le monde s’amuse… Sauf lui. Un concours de circonstances fait qu’il échappe à une infection qui décime toutes les personnes présentes. Sont-elles les seules à avoir péri ? Paris est-elle la seule ville concernée ? Est-il le seul survivant au monde ? On n’en sait rien car Sam n’en sait rien. La Nuit a dévoré la monde suit ce jeune mélancolique dans sa survie, cloîtré dans son immeuble haussmannien, sans jamais (ou peu) se soucier de l’extérieur.
Elle passe par la musique (qui permet à Dominique Rocher de sortir quelques belles idées de mise en scène) et par le dialogue absurde avec un zombie enfermé dans sa cage d’ascenseur (incarné follement par Denis Lavant). Et surtout, par cette question omniprésente tout au long de son enfermement : trouvera-t-il son salut vers l’extérieur ou en restant en sécurité dans son appartement ?
Introspectif et mélancolique, porté avec brio par Anders Danielsen Lie, La Nuit a dévoré le monde est un bel exercice de cinéma d’art et d’essai dont il serait dommage de se priver.