C'est l'année de Guillaume Lemans. Après Burn Out et Dans la Brume, un autre de ses scénarios trouve son chemin vers les salles obscures : l'adaptation du roman de Pit Agarmen La Nuit a Dévoré le Monde. Enfin, disons que l'année avait bien commencée pour lui... et tous ses films, aussi ambitieux soient-ils, se sont vautrés douloureusement au box-office.
La faute à une mauvaise distribution ? Une mauvaise com ? Un manque d’intérêt des spectateurs pour le cinéma "de genre" ? Un peu des trois peut-être. Parce que la qualité des films, elle, était au rendez-vous (enfin Burn Out j'ai pas vu).


Le film de zombie, j'aime bien, mais on a déjà eu le film de zombie épique, le film de zombie indé, le film de zombie comique... Il y en en a tellement eu, et des pas terribles (dernier en date : Cargo) qu'on est franchement en droit d'être réticent à aller voir La Nuit a Dévoré le Monde.


Au début du film, j'ai été très déçu de ne pas frémir de peur en voyant les infectés. Aussi, ça me saoulait que Sam, le protagoniste, soit si peu traumatisé par les événements. Je me suis dit qu'à part la vision d'un Paris post-apo, j'allais pas avoir grand chose à me mettre sous la dent niveau sensations.


Et puis j'ai compris, petit à petit qu'on avait pas vraiment affaire à un film de zombie, ni à un survival. En suivant Sam dans son quotidien solitaire, on comprend rapidement qu'il ne vit pas dans un climat de peur. Il se complaît dans cette routine de survivant. Ça passe nottament par d'étonnantes séquences musicales où on découvre Sam en musicien plutôt talentueux et épanouit. On comprend alors qu'il ne s'exprime pas de la même manière que ceux qui l'entourent et que depuis toujours, le monde extérieur est hostile à ses yeux.


Le film est donc plutôt introspectif et parfois même poétique. Il y a cette B.O de David Gubitsch absolument magnifique qui emmène le film vers une profonde mélancolie. Les nappes de synthé aériennes se mêlent aux chœurs lointains et collent tout à fait à la psychologie du personnage. Sam n'est pas malheureux, mais il est seul. Et la solitude est son principal ennemi.


Il y a d'ailleurs des scènes assez glaçantes où il tue un chat et une gamine zombie sans ciller, qui montrent l'absence d'empathie du personnage.


Le personnage va progresser, s'ouvrir peu à peu. Malheureusement les moments maladroits où il se lie d'amitié avec un infecté coincé dans une cage d'ascenseur désamorcent la menace tant ce dernier semble peu agressif (il peut lui serrer la main ? Sérieux ?). Mais c'est surtout sa rencontre avec une survivante qui va être décisive...


Pas de suspense terrible ici. Pas de critique de la société de consommation à la Romero. Juste un film sur la peur des autres. Et quelle bonne idée d'avoir mêlé le film de zombie à cette idée. Le film a fait un passage éclair en salle, pourtant l'empreinte qu'il laisse est durable.

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le 13 août 2018

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