C'est un peu comme si le double « mauvais » de Jordan Peele avait décidé de réaliser ce Us. Après un Get Out oscarisé qui avait trouvé un équilibre singulier entre satire et horreur, l’ex-humoriste rempeele avec une énergie semblable mais cette fois malheureusement, ça prend beaucoup moins bien.
On a le sentiment que le film est une réaction précipitée face à l’accueil quasi unanime de Get Out. Sauf qu'ici l’histoire va se révéler franchement bancale et son argument scénaristique interpelle beaucoup moins. Le double : une thématique de fiction qui peut se révéler aussi fascinante que feignante. Alors ok, la peur de l’autre, de nos semblables oui. Sauf que là on est pas sur un questionnement de notre propre rejet de l'autre comme dans un Signes. Ici, les étrangers se la jouent Funny Games, vêtus comme des droogs d'Orange Mécanique donc normal que les protagonistes tentent de se défendre.
Jordan semble avoir couché sur le papier une succession d’idées sympas sans trop s’inquiéter de la cohérence globale. Si au moins il nous avait épargné les longs monologues explicatifs de la "bad" Lupita Nyong’o, ça aurait presque pu passer. Mais là, ce blabla ne fait qu’interroger la crédibilité du film.
Je suis le seul à me demander :
- Comment les doubles peuvent-ils être habillés pareil que leur modèle (mais en mode charclo) ? Ils se changent tous les jours aussi ?
- Comment ça se passe si il y en a un de la surface qui prend un train ou une bagnole ? Parce quand on voit quand ceux d’en-dessous « faire les manèges » de la fête foraine, ils ont l’air d’être géographiquement au même endroit que leur double. Enfin cette idée me semble complètement mal foutue.
Et le twist final nous permet de nous achever d’un dernier facepalm tant il n’en est pas un. Le comble de tout ça, c'est qu'il reste le cul entre deux chaises : cette révélation se veut-elle horrifiante ou justement, est-ce un appel à la tolérance ? Il faut choisir.
IL N’EMPÊCHE QUE... Us souffre de la comparaison avec le film précédent de son auteur. Ça reste une œuvre pas désagréable à regarder et qui sort un peu des sentiers battus... Le monde souterrain m'a plutôt séduit visuellement par son aspect profondément glauque et cauchemardesque à la Silent Hill. Mais pour de l’horreur pure ou de la dystopie engagée, ce n’est pas ce tunnel qu’il faudra emprunter.