Une affiche clinquante, un titre qui ne l'est pas moins : il y avait des raisons de craindre que l'emballage aguicheur de La Nuit a dévoré le monde ne dissimule un film décevant. Heureusement, il n'en est rien. Ce premier long métrage de Dominique Rocher, adaptation du roman fantastique français éponyme de Pit Agarmen, constitue même une très belle promesse quant à l'avenir de ce jeune réalisateur et, avec lui, du cinéma de genre hexagonal tout entier. Dominique Rocher met ici en scène Sam (joué par Anders Danielsen Lie, l'éternel camé d'Oslo 31 Août), un jeune homme qui se réveille dans un appartement sens dessus dessous le lendemain d'une fête dont il s'est soigneusement tenu à l'écart. Quittant enfin la pièce où il avait trouvé refuge loin de la cacophonie ambiante, il découvre au petit matin des murs maculés de sang, un immeuble saccagé, des rues dévastées, et toute une ville, Paris, infestée de zombies. Désespérément seul et isolé, Sam va essayer de survivre tant bien que mal...
A partir d'un pitch aussi minimaliste, le danger principal était de finir par ennuyer le spectateur, par perdre son attention, avec ce point de départ somme toute assez banal où il est question de survie en solitaire dans un décor restreint, un grand appartement parisien, avec la menace permanente des sempiternels zombies qui rôdent tout autour. C'est sans compter sur le talent évident d'un jeune cinéaste qui ne tombe jamais dans la facilité, refusant tout spectaculaire gratuit (pas de plan carte postale attendu sur un Paris désert et post-apocalyptique), ou la complaisance (les effets gores sont en arrière-plan, encore plus dérangeant ainsi). Il adopte une mise en scène limpide et sans chichis, où tout passe par le découpage et le cadrage, et peut aussi s'appuyer sur une très belle photographie... lire la suite de la critique.