Après l'éclosion d'un nouveau souffle du film de genre en France, porté par une jeune génération de réalisateurs, il était prévisible de voir venir un film de zombie bien de chez nous, fantasme de cinéphile depuis longtemps inassouvis. C'est ainsi que se présente LA NUIT A DEVORE LE MONDE, récompensé à Gerardmer, et il tient fièrement ses promesses.
Le film est finement maitrisé, tout en tension et violence froide et pudique. Dominique Rocher, le réalisateur, tient le rythme de son film d'une main de maitre posant des enjeux dramatiques dans le silence assourdissant d'un appartement parisien, dernier bastion de l'humanité. Enfin, peut-être justement pas : car film de zombie, oui, mais film qui raconte, aussi. Le long-métrage trouve son originalité dans sa thématique, tout en nuance mais sans rentrer dans un pathos gratuit et fade. Malgré certaines ficelles aisément repérable, notamment au cours des noeud dramatiques majeurs, le film développe son propos jusqu'à un climax efficace même si assez convenu.
Là où LA NUIT A DEVORE LE MONDE aurait pu être plus soigné c'est au niveau de sa photographie. Loin d'être raté, elle aurait pu permettre de soutenir un montage et une narration très efficace. Cela est d'autant plus dommage que le film tente fortement d'installer une ambiance et une arène dramatique qui prend aux tripes. Appuyé par une photographie marqué elle aurait pu encore plus crever l'écran.
Mais dans l'ensemble le film est une bonne surprise et une réussite presque complète. Il se prend comme il est, encore une preuve que le film de genre français n'est pas mort !