La Nuit Américaine fut mon premier Truffaut, cinéaste que j'avais hâte de découvrir dans l'optique de mieux connaître le cinéma français. La nuit américaine passait en rétrospective au cinéma, parfait. Et autant dire que ce premier Truffaut fut une bonne petite claque. Le sujet avait tout pour me passionner et il l'a fait avec brio puisque ce film parle du cinéma en nous proposant de suivre un tournage de film sous ses nombreuses facettes tout en abordant divers thèmes sur la magie du cinéma bien sûr mais aussi sur l'amour ou même tout simplement la vie dans sa forme générale. En tout cas le film a tout pour passionner les amoureux ou simples intéressés du cinéma voire même les néophytes car il est très accessible et plutôt léger malgré sa richesse.

Truffaut met en scène ce tournage de manière à capter tous les éléments, tous les petits détails relatifs à la création cinématographique. Ce qui est génial c'est qu'il ne privilégie pas des rôles bien précis mais s'intéresse à tout type d'emploi d'une équipe de cinéma, de la script-girl au producteur tout en passant par le réalisateur, le cascadeur, le chef opérateur, tout est là. L'aspect du film serait presque à caractère documentaire mais Truffaut ne délaisse pas la fiction, il s'en sert d'ailleurs comme base de ses réflexions sur l'amour et le désir par le biais notamment du personnage interprété par Léaud, un acteur réputé capable de flancher à tout moment pour raison sentimentale.

L'énergie du film fait vraiment plaisir à voir, La nuit américaine déborde de vitalité. Le temps passe à vitesse grand V d'ailleurs, au fur et à mesure que ce tournage avance arrivent les péripéties, les imprévus, les contraintes. C'est aussi une prise de conscience par le spectateur de la difficulté de créer un film, Leone avait d'ailleurs dit que faire un film était douloureux mais que l'avoir fait été savoureux. On sent cette logique propre aux cinéaste dans ce film, les tourments et doutes de Ferrand (joué par Truffaut) nous éclairent davantage sur le processus de création artistique et les ressources mentales nécessaires pour mener à bien un projet. Le ton du film reflète les émotions réelles, tantôt triste, calme, dramatique, drôle... Certaines scènes sont croustillantes, il est drôle de voir l'envers du décor, les petits trucages. Il est amusant de voir une équipe de tournage galérer pour filmer un chat, l'atmosphère du film est très plaisante.

La musique de Delerue est très belle, elle confère un caractère poétique au film qui demeure par ailleurs très bien filmé, agréablement photographié. Truffaut aime le plan séquence et le plan large en tout cas, sa manière de balayer l'espace est cohérente en plus, les vues d'ensemble donnent cette impression de capter davantage de détails. La Nuit Américaine fut un beau coup de coeur pour moi en tout cas, une belle déclaration d'amour au cinéma, la mise en abîme sert avec justesse le propos de Truffaut et sa vision du cinéma, d'autant plus que le film transpire l'authenticité. Un grand film à n'en pas douter
Moorhuhn
9
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le 10 sept. 2012

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le 10 sept. 2012

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