Est-ce que ce n’est pas un rêve d’enfant, que d’imaginer les œuvres immobiles d’un musée prendre vie quand le regard est ailleurs, que les portes se referment et que la nuit tombe ?
Milan Trenc l’a matérialisé dans son roman, adapté par Robert Ben Garant et Thomas Lennon, deux habitués des comédies. Tous deux resteront en charge de la série La Nuit au musée, de même que le réalisateur Shawn Levy. Car ce premier film fut un succès public poursuivi avec deux suites en 2009 et 2014.
Il flotte dans l’air de ce métrage comme un parfum d’émerveillement devant les œuvres du Musée d’histoire naturelle de New-York qui prennent vie la nuit. Les statues de cire, les petites figurines, les animaux empaillés ou les statues s’animent et s’agitent, avec même un gigantesque et adorable squelette de T-Rex. Une tablette égyptienne et évidemment magique est la responsable de cette agitation.
Il ne sera pourtant guère permis d’avoir longtemps les étoiles dans les yeux, car le film fait de cette animation d’oeuvres en vie une source d’ennuis pour le nouveau gardien, Larry Daley, veuf et papa, vivant de petits boulots guère enrichissants. Ce métier pourrait être l’occasion de se stabiliser, de rendre fier son fils mais il découvre un Musée bien différent la nuit, un petit monde fou fou fou. La surprise passée, la peur derrière lui, il va tenter de résoudre les différentes péripéties entraînées par les différents acteurs de ce théâtre, entre un T-Rex qui se prend comme un chien, un petit capucin chipeur, des petites figurines de cow-boy et de romains qui se font la guerre ou un Attila peu commode, il a de quoi faire.
Le film est ainsi structuré, qu’il n’a pendant longtemps pas de menace bien visible, de véritable défi que Larry devra résoudre comme le héros qu’il doit être, comme c’est souvent le cas dans ces comédies familiales. La reconnaissance de son fils, l’approbation de son patron, petit tyran, une possible idylle avec une guide, de louches manigances nocturnes et bien sur toutes les péripéties amenées à la vie du Musée, comme Attila ou le pharaon, tout ceci est installé sans que cela ne soient des priorités pendant la majeure partie du film. L’amusement est la ligne rouge, provoqué par les déboires mais aussi l’inventivité de Larry pour tenter d’arranger les choses. L’antagonisme se dévoilera pendant la dernière partie du film, reliant tous ces fils pour une conclusion mouvementée et satisfaisante.
Shawn Levy offre d’ailleurs une mise en scène agréable, soignée et grand public, avec même quelques idées discrètes. A l’image de la première confrontation entre Larry et le T-Rex, rassemblés sur le même plan, et dont l’image penche de son côté, de tout son poids de (squelette) de grosse bestiole.
Shawn Levy peut d’ailleurs compter sur un beau casting, rempli de gens biens (et c’est moi qui vous le dis), avec Ben Stiller. Le comédien est un peu partout sur les comédies populaires de ces années, mais il offre un Larry sympathique, un peu paumé mais pas pleurnichard, avec une évidente bienveillance et une sacrée débrouille. On peut aussi apercevoir Robin Williams, en Président Roosevelt de bon conseil, Owen Wilson en cow-boy têtu, Steve Coogan en romain antique obstiné, les deux font la paire, mais aussi Ricky Gervais, Paul Rudd, Rami Malek et bien d’autres. Le trio des précédents gardiens de musée avec les vieilles gloires Dick van Dyke, Mickey Rooney et Bill Cobbs, est d’ailleurs excellent.
Avec son humour et ses péripéties, La Nuit au musée est drôle pour toute la famille, les petits s’amuseront des gags et autres chutes, les grands s’amuseront de certaines situations. D’autant plus que le film s’il ne s’appesantit guère dessus rappelle l’importance de la connaissance et de l’apprentissage, vertus utiles pour domestiquer ces œuvres d’histoire naturelle. Et nous offre la possibilité de rêver sur ce qu’il peut se passer la nuit, avec un peu de magie ou d’imagination, qu’importe, dans ces lieux de culture pour tous.