Voir le film

Un double sentiment m'étreint après cette rétrospective Kinuyo Tanaka. Tout d'abord le bonheur d'avoir découvert cette filmographie de réalisatrice enfin ressuscitée, filmographie d'une richesse, d'une variété et d'une densité en terme de qualité assez incroyables. Mais aussi la tristesse d'être arrivé au bout de ces six œuvres en sachant qu'il n'y en a pas d'autres à découvrir.

Ce cinquième film est comme toujours chez Tanaka un portrait de femme, d'une femme pour parler de toutes. Ici elle poursuit en quelque sorte le travail achevé cinq ans plus tôt par l'un de ses mentors, Mizoguchi, qui avait à plusieurs reprises, et jusqu'à son ultime "Rue de la honte", évoqué les maisons closes et le sort des geishas. Elle procède à un "Que sont-elles devenues ?", décrivant leurs vies après l'interdiction de ces lieux et le "parcage" de ces femmes dans des maisons de réhabilitation.

Hypocrisie de la société, rapports homme-femme, difficulté pour ne pas dire impossibilité de ces êtres détruits physiquement ou/et psychologiquement, tout est ici traité avec une grande sensibilité mais sans œillères. Tout y compris une romance aux apparences idylliques qui permet de mieux signifier les dégâts faits sur les cerveaux et les cœurs, le temps long indispensable à la réparation.

Et étonnamment on peut également entrevoir dans cette "Nuit des femmes" une page du cinéma en train de s'ouvrir, entre autre portée par Nagisa Ōshima, avec cette description d'une nouvelle jeunesse, celle qui allait refuser de se soumettre.

Créée

le 15 juil. 2022

Critique lue 200 fois

14 j'aime

4 commentaires

takeshi29

Écrit par

Critique lue 200 fois

14
4

D'autres avis sur La Nuit des femmes

La Nuit des femmes
takeshi29
7

Contes cruels du jeûne de la fesse...

Un double sentiment m'étreint après cette rétrospective Kinuyo Tanaka. Tout d'abord le bonheur d'avoir découvert cette filmographie de réalisatrice enfin ressuscitée, filmographie d'une richesse,...

le 15 juil. 2022

14 j'aime

4

La Nuit des femmes
Morrinson
6

Prostitution & regard féminin

C'est le premier film de Kinuyo Tanaka réalisatrice, fidèle actrice de Kenji Mizoguchi, que je vois, et j'ai beaucoup apprécié le point de vue féminin, dans le cadre du cinéma japonais des années 60,...

le 20 oct. 2022

6 j'aime

La Nuit des femmes
Boubakar
7

Le passé ne meurt jamais vraiment

Une jeune femme, Kuniko, vit dans un centre de réinsertion pour les anciennes prostituées qui veulent être dans la vie active. Elle va trouver un petit job en tant qu'employée dans une épicerie, mais...

le 6 nov. 2022

4 j'aime

1

Du même critique

Ernest et Célestine
takeshi29
8

Éric Zemmour : " "Ernest et Célestine" ? Un ramassis de propagande gauchiste "

"Ernest et Célestine" est-il un joli conte pour enfants ou un brûlot politique ? Les deux mon général et c'est bien ce qui en fait toute la saveur. Cette innocente histoire d'amitié et de tolérance...

le 15 avr. 2013

283 j'aime

34

Racine carrée
takeshi29
8

Alors, formidable comme "Formidable" ?

En 2010, la justice française m'avait condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir émis un avis positif sur le premier album de Stromae (1). La conclusion du tribunal était la suivante : "A...

le 18 août 2013

259 j'aime

34