Après le succès retentissant de La Nuit des morts-vivants, George Romero comprend que le cinéma de genre est un meilleur moyen de divulguer ses idées qu'un drame boursouflé. Aussi continue-t-il son attaque pamphlétaire sur une Amérique en perdition en mettant en scène le mal-nommé La Nuit des fous vivants (ou The Crazies en version originale) qui narre les mésaventures d'une escouade de rescapés tentant non seulement d'échapper à l'armée mais également à un mystérieux virus qui transforme chaque être humain en cinglé assoiffé de sang.
Ici pas de mort-vivant ni de créature fantastique, l'être humain est le seul ennemi, qu'il soit rendu fou par le virus ou par sa soif de destruction expéditive. En effet, outre la course-poursuite haletante qu'il propose, Romero s'intéresse aussi longuement à des passages bavards où nous suivons des politiciens s'interroger sur la suite des événements et s'il faut oui ou non sacrifier autant de vies lors d'opérations militaires de plus en plus meurtrières (des séquences énormément coupées lors de la sortie française du film). Le réalisateur s'intéresse donc surtout aux dirigeants américains, eux qui ont pouvoir sur tout depuis leur confortable chaise.
Finalement assez amateur en dépit de son sujet alarmiste, The Crazies souffre hélas d'un manque de moyens évidents, Romero s'entourant d'acteurs médiocres (seul Richard France tire son épingle du lot en scientifique pacifiste obstiné) et n'arrivant clairement pas à proposer des séquences réussies. Ici, rien de vraiment marquant, ni dans les affrontements entre fugitifs et hommes en combinaisons blanches, ni les fameux meurtres orchestrés par les "fous". Mise en scène extrêmement sommaire donc et résultat finalement moyen pour un réalisateur qui avait pourtant bluffé son monde avec un premier long-métrage exemplaire.