Le problème avec ce film c'est qu'il navigue dès le départ entre Téléfilm et amateurisme, et que ça ne s'arrange pas, le propos politique du film très peu subtile, amené de façon très bourrine n'aidant pas - et que je soupçonne être le seul intérêt du film si ce n'est à la rigueur un côté cinéma de genre.
Les acteurs sont soit livrés à eux-mêmes et jouent chacun à leur manière, formant un gloubiboulga hétérogène dans les scènes de personnages : à l'instar de cette jeune fille qui joue l'amie de Clara, ou encore plus flagrant, le personnage principal chef de la brigade de la police judiciaire, qui joue comme bon lui semble de façon plus ou moins insipide et plate.
Soit ces mêmes acteurs sont sur-dirigés : on leur demande de "jouer" des archétypes semble-t-il, alors ils jouent des archétypes, jusque dans toutes les mimiques hyper-contrôlées et faussement naturelles. C'est le cas de la mère, dont on a décidé (arbitrairement ?) qu'elle serait la caution traumatisme de l'événement tragique et qu'on fait nier, se recroqueviller superficiellement, dans l'apparence, et qui le joue mal. C'est aussi le cas de tous les membres de la brigade de la police judiciaire, et cela se remarque dès la première scène du pot de départ : les jeux d'acteurs laissent encore une fois à désirer, ou sont impertinemment théâtraux, et l'on comprend très vite que le côté bovin domine l'interaction de leur esprit de camaraderie. On comprend aussi que la jeunesse n'a plus rien à voir avec les boomers qui composent l'équipe, à travers le personnage-fonction du novice dans le service, qui n'aura pas servi plus à quelque chose.
Ce propos sur la rupture inter-générationnelle parsème toute l'histoire plus largement, c'est un propos intéressant à montrer à l'écran à travers les différentes scènes de l'enquête, mais on aurait pu se passer de quelques répliques sur-explicatives, et peut-être y donner une direction à travers ce qu'en retiennent les personnages.
Ce qui est le moins qu'on ne puisse pas dire pour l'autre pendant des mots d'auteur sous les feux des projecteurs : les féminicides (appelons un chat un chat, mais il semblerait que ce n'a pas été l'idée pour le réalisateur et les scénaristes...). Si le message n'est pas entré tant il a été mis sur papier dans le script, c'est que, finalement, nous ne sommes pas en tant que spectateurs de cinéma des audiophiles transits et que nous attendions entre autres que l'image nous le fasse savoir, autrement que par de longues tirades bateau - et que je soupçonne n'être pas plus une cause tenue à coeur de l'équipe du film que cela, tant c'est amené maladroitement et facilement, sans jamais que ça ait de portée comme d'habitude, sur les personnages.
En effet l'on préférera toujours trancher pour le film de genre on dirait, ou l'on noiera le poisson. Si un burn-out arrive, c'est "tout" qui joue : d'autres éléments qui forment la condition du policier moyen évoqués à quelques reprises (le manque de moyens, la dureté du métier, la question de la passion pour le métier...) jouent autant que les violences faites aux femmes, pas un élément prédomine sur l'autre - ce ne sont que des éléments déclencheurs à la rigueur ; mais, le fait est qu'un propos martelé n'est finalement que relégué à l'ensemble des problèmes qui touchent les conditions de travail...
Film de genre thriller/suspens, policier, ou chronique, à l'horizon de l'intérêt du film ? pour qu'à ce point les positionnements paraissent fébriles ; peut-être, pourquoi pas. Le problème c'est que la réalisation et les jeux d'acteurs nous ramènent sans cesse à une chronique-feuilleton ou un téléfilm.
En effet la réalisation ce n'est pas la première chose flagrante dont on parle, car ce n'est pas non plus la première chose que l'on retient, en bien comme en mal... Ce qu'on peut en redire, c'est qu'elle est majoritairement quelconque et presque simplement fonctionnelle, au service du scénario ; quelques fois amateure dans certains plans peu esthétiques (ce plan crucial d'une fille qui court la nuit au début, se jeter sur l'herbe...) ; et parfois inventive et intéressante, pour ce qui est par exemple du ce plan répété de Yohan (c'est bien son nom, au personnage principal effacé ?) de face qui fait du vélo.
Cela nous donne un ensemble assez hétérogène qui peine à rendre compte d'une intrigue policière, qui peine à rendre compte de vies minuscules, qui peine noyée dans les méandres de Plus belle la vie et de quelques idées d'auteur.
On s'imagine à la fin que c'est un film petit budget, quasi amateur, à qui l'on veut pardonner et pour qui l'on veut s'éprendre de tendresse, et pourtant, toute une équipe conséquente se pointe au générique...
Ce film fait vaguement penser à un film retenu à Cannes l'année dernière, un même film bancal : Seize Printemps - et on s'interroge sur les critères de sélection...