Les flammes dévorent la chaire de Clara. Son destin est scellé dans la nuit du 12. Son corps chancèle, quelques pas vers des bras salvateurs qui ne seront pas là. Elle s’effondre dans l’herbe.
La scène saisit d’angoisse le spectateur. Lorsqu’il reste ce bout de chemin à parcourir seul, nous imaginons, l’individu sorti du buisson, profiter de notre vulnérabilité. Le passage est admirablement réalisé. Que cela n’arrive jamais à ceux que nous aimons.
Qui est le responsable de cet horrible meurtre ?
Yohan, le nouveau chef de la PJ de Grenoble, mène l’enquête. Il découvre que plusieurs hommes gravitaient autour de la jeune fille. Les « ex » s’accumulent : du petit con égocentrique au récidiviste de violence conjugale, en passant par le sdf paumé vivant reclus dans son cabanon. Clara s’est offerte à eux. Si la mort par le feu est une condamnation trop cruelle, l’immoralité de la jeune fille ne fait pas de doute : on ne couche à droite à gauche impunément. De victime, Clara devient coupable de sa fin tragique.
Ici, la pédagogie féministe est à mon sens grossière. C’est une chose de constater que Clara s’adonne au plaisir charnel avec plusieurs hommes, c’en est une autre de conclure qu’elle est pour cette raison coupable de s’être faite bruler. Bien stupides seraient les policiers se confortant dans pareille déduction.
Il n’y a pas d’enquête dans ce film. Le coupable est d’emblée connu, il s’agit du rapport de l’homme à la femme. C’est à cette affirmation que le réalisateur semble vouloir nous amener. Peut-être, mais il est alors nécessaire d’aborder la complexité de ce problème et de le traiter avec finesse. Sur ce point, le contrat n’est pas rempli par le réalisateur, qui ne fait qu’effleurer la psychologie de ses personnages. A titre d’exemple, il aurait plus davantage s’intéresser aux raisons qui contraignent cette femme à vivre avec une brute épaisse ou encore à cet ado insensible qui rit de la mort de sa « sexfriend ». Il ne s’agit pas de prolonger la durée du film mais de le rendre plus consistant et plus percutant : par des dialogues plus incisifs et fournis. Les nombreux interrogatoires en offraient pourtant l’occasion.
Le film a de nombreuses qualités, l’ambiance policière en est une ; je pense au briquet du crime reçu par la poste, au t-shirt taché de sang, ou encore à la caméra placé sur la tombe. L’investigation est toutefois trop légère pour que l’on sente à quel point l’affaire hante l’inspecteur. Il n’a pas non plus la qualité de dénoncer efficacement les agissements de l’homme contre la femme. Reste à savoir si le film affirme ou questionne. J’ai le sentiment qu’il impose ses réponses.