Ce film a fait naitre en moi des sentiments paradoxaux, j’ai d’abord détesté, car l’histoire me rendait mal à l’aise, elle me rappelait de mauvais souvenirs liés à l’enfance, et pourtant il y a tout de même quelque chose de fascinant, comme dans les contes de fées où il se passe toujours des horreurs, mais dont on souhaite tout de même connaitre la fin dès lors qu’on entend le début. Le film est aussi bizarre que raté par moment, et pourtant, au final, je l’ai tout de même beaucoup apprécié, en dépit de ses défauts maladroits et même idiots parfois. Pourtant l'idée de base fonctionne très bien, et j'ai apprécié son atmosphère si particulière.
L’histoire de ses enfants garants d’un secret persécutés par ce fou de prêcheur diabolique est vraiment très intense, et inspiré. Elle m’a fait penser à un conte moderne, le Petit Poucet transposé au 20e siècle.
J’ai adoré l’aspect comédie musicale, qui propulse le spectacle dans une dimension lunaire, des plus poétiques, en contraste frappant avec l’horreur de l’action. La musique est magnifique, c’est l’un des points forts du film.
Les personnages sont quant à eux complètement à côté de la plaque. Les enfants ont l’air trop intelligents, et surtout trop constants dans leur capacité à garder un secret, tandis que les adultes, aux contraires, apparaissent comme complètement aveugles aux signaux de détresse des bambins, notamment les villageois plus stupides les uns que les autres. La mère de famille quant à elle, perd toute jugeote et se jette dans la gueule du loup comme une vieille folle lorsqu'elle s'aperçoit que ses enfants sont menacés (je crois que c'est le personnage qui m'a le plus gonflé). Enfin, le prêcheur diabolique est l’image même de l’antéchrist, l’incarnation du diable en personne. S’il sait nous dégouter et nous horrifier, il n’en reste pas moins une caricature grossière, accentuée par la piètre performance de Robert Mitchum, qui est, excusez-moi de le dire, très mauvais du début à la fin. Il y a même certaines séquences qui font rire alors qu’elles ne le devraient pas, comme lorsqu’il se fait tirer dessus, franchement c’est d’un pathétique incroyable, en cause, son cri lamentable repris en boucle. Franchement, c’est navrant, la scène aurait dû être retournée, tellement elle est raté.
Le plus gros défaut de cette œuvre reste le jeu des acteurs, pas crédibles. Tout est risible, leurs moindres faits et gestes, surtout dans l’action, on sent bien que les enfants, par exemple, ne s’échappent pas suffisamment vite et que leur bourreau est obligé de se débattre dans la boue et il doit trouver le moindre prétexte pour ralentir sa course. Il en est ainsi pour chaque scène d’action, toujours retenue par le script alors que la logique en voudrait autrement.
Aussi les gens sont soit très gentils, comme cette brave Rachel Cooper qui recueille tous les enfants qui atterrissent dans son jardin, ou très méchants (et il y a beaucoup trop de monde méchant), et on découvre rarement des personnages plus équilibrés, comme dans la vraie vie, si bien que l’on doit classer les personnages dans une catégorie ou dans une autre, rendant l’histoire d’une linéarité prévisible et sans nuance.
Heureusement, l’ambiance visuelle et sonore de l’œuvre, rappelant les contes de fées, ou du moins le genre fantastique, tend à sauver l’intérêt que nous pourrions porter au film. C’est ce qui a fait que j’ai beaucoup aimé. L’histoire manque de réalisme et de logique et c’est pourquoi les avis sont parfois si tranchés. Mais du moment où l’on saisit l’intention, les défauts, aussi stupides soient-ils, nous paraissent moins graves, et l’on saura apprécier le résultat comme un tableau onirique, ou une fresque féérique, dont l’intérêt est de nous apprendre que les enfants sont les victimes des adultes, mais surtout de la vie, elle même.