Finalement, dans la Nuit du chasseur, tout tourne autour de l'opposition entre le bien et le mal. L'innocence, la droiture enfantine contre la faiblesse, les vices moraux des adultes. Le noir contre le blanc. Les proies et les prédateurs.
La dimension religieuse m'a parue intéressante. Le pasteur défend des valeurs chrétiennes dans toutes leurs contradictions devant la foule convaincue. Le "Tu ne tueras point" des Dix commandements est oublié au profit de l'idée de vengeance et la loyauté promue quand il s'agit d'extorquer aux enfants leur secret. Le "bon" catholicisme est représenté par le personnage de Rachel, qui recueille les orphelins dans le besoin. Rachel est le premier personnage adulte à démasquer le pasteur, alors que les enfants et le spectateur connaissent les motivations peu avouables de Mr Powell. Les spectateurs deviennent témoins de la naïveté et de la crédulité des adultes.
L'opposition entre le bien et le mal influence la mise en scène, et tous les plans sont d'une vraie beauté. J'avais déjà vu dans le site Blow Up la scène où la mère des enfants est attachée dans sa voiture au fond de l'eau, les cheveux voguant au milieu d'algues. La caméra qui surplombe les enfants naviguant sur une barque au cœur de la nuit donne aussi une scène magnifique.
Et Robert Mitchum campe un méchant... terrifiant.
Je regrette déjà que Charles Laughton n'ait pas réalisé d'autres films...