Love/Hate.

Seul et unique film de Charles Laughton, grand acteur cabotin durant les années 30 à 60, La nuit du chasseur est un film que l'on peut prendre de plusieurs côtés.
Soit on le prend comme un drame, comme un thriller, comme un film sur l'autorité ou la folie religieuse, mais de mon côté, je le prends comme un conte à hauteur d'enfants, car la majorité des l'histoire est vue du côté de ces petits qui doivent lutter de leurs forces juvéniles contre un prédicateur qui cherche à récupérer une grosse somme d'argent laissée par leur père.

J'en suis à ma quatrième vision du film, après une version blu-ray à l'image incroyable, et plus je le vois, plus j'admire ce que j'appelle un prodige du cinéma (il est dans mon top 100 des meilleurs films).
Charles Laughton a très bien su s'entourer, James Agee au scénario et Stanley Cortez à la photo. Mais je vais parler en particulier de ce dernier.
Ce dernier a travaillé pour des gens comme Orson Welles et Samuel Fuller, et donc maitrise très bien le noir et blanc. Mais là, il donne au film une ambiance irréelle, ajoutant au fait que ça serait un conte : on ne sait jamais trop où on est, et il y a un travail fantastique sur la lumière, donnant vraiment l'impression que Robert Mitchum est un ogre rien qu'en voyant son ombre, et rappelant par moment les films de Fritz Lang, comme la saga des M.

Les acteurs sont tous vraiments excellents ; Robert Mitchum (qui cita ce film comme étant son préféré) est impérial en (faux) prédicateur, et qui se consume peu à peu dans sa folie au fur et à mesure qu'il recherche les deux enfants, jusqu'à pousser un cri animal quand ils s'échappent encore une fois.
Il y a aussi Shelley Winters, la mère des deux enfants, qui se laisse duper par le charisme de Mitchum et sa foi présumée en Dieu, car ce dernier l'utilise n position de faiblesse alolrs que son mari précédent a été pendu après avoir caché 10000 $ auprès de ses enfants.
Enfin, la dernière partie de l'histoire fait intervenir Lillian Gish, la grande actrice du muet, qui représente à la fois le passé, et tout ce qu'elle implique au niveau du cinéma, et la force de conviction qu'elle a de protéger des enfants d'une menace extérieure.

Seule réalisateur à avoir une filmographie parfaite, Charles Laughton a réussi un coup de maitre, car oui, La nuit du chasseur est un chef d'oeuvre ! Un de ceux qui font croire aux mystères du cinéma.