La Nuit fantastique des morts-vivants par Claire Magenta
Parmi la pléthorique filmographie du célèbre mercenaire transalpin Aristide Massaccesi plus connu sous le nom de Joe D'Amato, il est une série que les amateurs de films déviants se doivent de connaitre : sa période Caribéenne dont Erotic Nights of the Living Dead (traduit en français par un triste La nuit fantastique des morts-vivants) est un des plus sémillants représentants. Une année après son désormais culte Blue Holocaust, et en attendant une escale cannibale en mer Egée (le peu ragoutant Anthropophagous), le cinéaste Joe D'Amato eut en effet à loisir le temps de rentabiliser ses vacances et celles de son équipe lors d'un voyage en république dominicaine en réalisant dans la foulée pas moins de cinq films : Hard Sensation, Exotic Love, Sesso nero, Porno Holocaust et donc Erotic Nights of the Living Dead ou une variation encore plus sexuée du précédent. Il n'en fallait pas plus pour titiller la curiosité du préposé docteur...
Mais arrêtons-nous un moment. Qui d’autre que D’Amato pouvait avoir l’idée saugrenue (ou plutôt l’audace putassière) de croiser deux genres aussi différents que prisées par le cinéma d’exploitation (italien) de l'époque : le film pornographique (voire érotique, bon nombre de longs métrages ayant droit à deux montages différents l’un soft et le second hardcore) et le film gore avec un goût prononcé pour le mort-vivant crapoteux (Fulci ayant sorti depuis peu son fameux Zombi 2) ?
Larry O'Hara (George Eastman) loue ses services et son bateau aux hommes d'affaire de passage qui aimeraient voguer sur la mer des Caraïbes et découvrir les divers délices qu'offrent ses reflets turquoises. Au cours d'une halte, celui-ci fait la connaissance de John Wilson (Mark Shannon en mode Thomas Magnum look-a-like) et de Fiona (Dirce Funari) sa petite-amie de la veille au soir. Le trio part vers "l'île du chat" où notre businessman étatsunien souhaite bâtir un hôtel de luxe en dépit des avertissements d'un couple d'autochtones, la mystérieuse Luna (Laura Gemser) accompagnée de son grand-père ; car l'île est hantée de zombies rodant la nuit à l'ombre des cocotiers...
Autant l'avouer sans ambages, le croisement tant attendu d'érotisme et de gore façon steak tartare n'atteindra jamais les promesses que laissaient présager (espérer?) le titre anglais. Le scénario écrit par le néanmoins sympathique George Eastman n'est à ce titre en rien une synthèse des deux genres pré-cités mais au contraire une simple superposition accumulant les ratés. Ce film de près de deux heures (?!) est ainsi scindé finalement en deux parties distinctes, la première axée sur une accumulation de scènes de sexe plus ou moins explicites et la dernière demie-heure faisant la part belle à des zombies amorphes. Or si D'Amato avouait n'être que peu inspiré par l'horreur zombie, les (trop) nombreuses scènes de sexes répétitives ralentissent également un métrage qui n'en demandait pas tant en matière d'action mollassonne et bouche-trou (pouf pouf).
Paradoxalement, le film garde néanmoins une atmosphère particulière appuyée par la musique de Marcello Giombini et la photographie de sieur D’Amato (ce dernier s’occupant également de celle-ci). Erotic Nights of the Living Dead porté par un massif George Eastman (loin du cabotinage qu'on lui connait) et des belles Dirce Funari et Laura Gemser arrive ainsi à aplanir quelque peu ses défauts rédhibitoires. Quant aux déviants alléchés par le titre du film et une émoustillante copulation post mortem, ceux-ci devront se satisfaire d'une fellation plutôt mordante...
A trop vouloir en faire, Joe D’Amato mange à tous les râteliers et rate le coche dans les grandes lignes. Sauvé in extremis par son trio d'acteurs et une dernière partie atmosphérique, Le notti erotiche dei morti viventi aurait gagné à être amputé d'au moins une demi-heure.