La Nuit venue est un film d’un certain genre. Et comme souvent dans un registre ultra-codifié, il viendra au spectateur durant son visionnage plusieurs références : Taxi Driver (1976) en est la plus évidente, mais aussi Collateral pour sa photographie ou Drive, par le jeu mutique et ténébreux de Guang Huo rappelant Ryan Gosling. Mais cela étant dit, La Nuit venue se distingue par le message qu’elle donne et la description qu’elle fait de ses protagonistes dans un Paris contemporain… Et par là même, de notre société. Jin est donc un chauffeur VTC qui se fond dans la nuit, costume, chemise blanche, à qui l’on donne 5 étoiles sans scrupules. Mais dans la vraie vie, Jin est esclave, soumis à la mafia chinoise pour qui il doit trimer, sous peine de se faire dénoncer, lui qui est sans papiers. Naomi est une fille de la nuit, elle aussi, dans une certaine mesure, esclave de sa condition et qui rêve de s’affranchir. De la rencontre entre ces deux oiseaux de nuit naît une séduisante romance, qui se marie avec intelligence au polar noir proposé en parallèle par La Nuit venue.
Le film de Frédéric Farruci profite d’une mise en scène soignée, avec un travail remarquable sur la lumière donnant une vision particulièrement poétique de Paris la nuit. Un aspect renforcé par l’ambiance planante de la musique de Rone. Tout n’est pas parfait dans la narration de l’oeuvre – on regrettera notamment une conclusion assez prévisible, trop étirée peut-être pour séduire véritablement – mais La Nuit venue, première réalisation de Frédéric Farruci, est un film très prometteur, riche formellement et pertinent dans sa thématique.