Après plusieurs films ambitieux mais échouant au box-office, William Friedkin revient à l'horreur et l'épouvante 17 ans après L'Exorciste, un des 'canons' du genre. The Guardian est loin du style habituel. Friedkin rejoint un certain kitsch dans l'air du temps voire déjà en fin de course. Il est prégnant dans les attitudes et réactions des personnages. Les protagonistes ne sont pas très malins et intéressent par leurs relations. Le montage est précipité lors des débuts et en particulier pour les présentations avant l'entrée de la beauté glacée jouée par Jenny Seagrove.
En terme de grand-guignol et d'amusement le contrat est rempli. Les saillies gores sont musclées et parfois amorales quant aux méthodes ou aux cibles (le nœud de la guerre est une série de bébés sacrifiés). La dernière demi-heure donne tout dans l'action et redouble de générosité en terme de mochetés attractives. Le scénario est minimaliste, le niveau peu exigeant, mais il y a des talents aux manettes. Les manières de la mise en scène élèvent La Nurse dans la moyenne haute des séries B de son acabit, avec quelques fantaisies comparables à White Dog ou La compagnie des Loups. Malgré et même avec elles, le produit manque d'originalité. Il contient quelques clichés développés dans le genre la décennie précédente, comme la vision subjective de l'animal fou ou d'un prédateur à ce niveau de conscience.
Plusieurs images percutantes sont au programme, la sorcellerie et les prises de contact avec la Nature offrent de jolies occasions (les arbres aux doigts lubriques). Ce fatras fantastique sonne comme un Evil Dead passé de la bouffonnerie barbaque au mode séduction lapidaire. Le film réserve des séquences de terreur réussies, en particulier celle avec l'ami de Phil (passant de la chasse au cauchemar après être passé par le voyeurisme). C'est du haut-de-gamme de téléfilm d'angoisse débile, à réserver aux amateurs ou à ceux qui appréciaient la forme dans le cinéma de Crichton (Looker). Friedkin reviendra rarement sinon jamais dans la case épouvante, mais écumera encore la crasse, la folie et la violence suffisamment fort (notamment dans Bug) pour rester en contact ; puis approchera le rayon horreur sociale via Killer Joe.
https://zogarok.wordpress.com/2017/01/31/la-nurse-friedkin-1990/