La Pampa est un premier film qui se situe dans la même veine que Vingt dieux, premier film jurassien de Louise Courvoisier. Ici, c'est dans la campagne angevine que l'histoire de cette amitié profonde se situe, sur fond de motocross.
Si on peut reprocher au film de passer par des biais narratifs parfois un peu trop faciles (notamment la fin), la vraie force de La Pampa est de décrire une amitié masculine forte, tendre, complice, au-delà des préjugés et des archétypes liés au genre. L'homosexualité de Jojo attise la curiosité de Willy (et quelle force émotionnelle se dégage de Sayeed El alami), et si on aurait pu espérer une fin un peu moins tragique pour l'un et un peu moins heureuse pour l'autre, on est pris par les émotions de ces jeunes qui s'ennuient, se demandent si les esprits existent, et squattent un hôpital désaffecté quand ils ne sont ni à l'école ni sur le terrain de moto-cross. La réalisation fluide du film n'écarte pas la violence ni la dureté des plans, et elle construit un propos plus fort sur l'amitié entre adolescents et sur l'adolescence en général (les premiers désirs, les rumeurs, l'insouciance de certains dangers, à moto comme en amour (l'écart d'âge entre amants n'est jamais questionné), la fureur de vivre au-delà du risque de l'échec), que sur l'homophobie en milieu rural, qui reste un peu trop évident.