C‘est censé être une comédie sophistiquée ultime du classiciste mais loufoque maître en la matière, Blake Edwards. C’est un mix entre Projet X et Sacha Baron Cohen (Borat surtout mais The Dictator n’est pas loin), en tout-public, féminin et sans gros mots. Dans La Party, un indien un peu demeuré se retrouve dans une fête opulente. Extrêmement maladroit et ingénu, il essaie de s’intégrer et déclenche une série de catastrophes.
La Party déploie une espèce d’humour « choc » et poseur, presque gênant par le fossé entre son insistance sur l’objet et la nullité de celui-ci ou du décalage. Peter Sellers alias Hrundi Bakshi, c’est Bean avant l’heure, en version molle et honteuse. Ce personnage est plus préoccupé de son image et de sa conformité sociale, enfermant le film dans un registre pesant, où l’on moque et rejoint les mondains, les bourgeois et les imposteurs rampant vers eux, incarnés par ce Bakshi dont l’irruption se veut à la fois ridicule et rafraîchissante.
Il pourrait y avoir là une démarche similaire à celle d’Andy Kaufman, le type étiqueté « comique » mis en valeur dans Man on the Moon : mais rien de tout ça. Peter Sellers n’agit pas en troll vertueux, il est la petite souris rêvant de reconnaissance et jouant finalement l’infirmière et la mascotte. Son attitude pourrait être le reflet extrême et aberrant des mondains et des gens importants, mais ce n’est pas le cas, car les gens qu’il côtoie lors de cette party sont tous [présentés comme] équilibrés, convenables ou globalement sobres (ils sont la saine norme).
Peter est plus que cela, il est un être sensible et un réconfort pour ceux qui pleurent et souffrent seuls dans leur bulle en marge de la fête. Une connivence se crée avec la fille des organisateurs de la réception, autrement dit, la princesse. Le conte de fée s’arrête là où commencent les nécessités, aussi le happy end se fait en chassant discrètement, une fois de plus, ce brave invité surprise, qui n’en demeure pas moins un crétin indigne de seulement se tenir trop longtemps auprès de la haute société.
Toutefois il a son heure de gloire et ses honneurs à lui, à son niveau s’entend. Ainsi il pourra s’élancer sur la piste de danse comme un trisomique enthousiaste et pompeux mais néanmoins libéré : et là, instaurer une nouvelle mode. Il est sincère, pas comme un génie malgré lui, plutôt comme un enfant aux productions divertissantes et inventives. Le film est proche de cette valeur lui-même. Il est amusant par endroits au début, puis s’enlise, se traîne avec ses tares qu’il étale partout.
Le chaos euphorique final devrait être une jouissance et est d’un ennui égal. Il affecte tout ce petit monde mais c’est un désordre sans gravité et surtout sans plaisir profond, à moins que ces jeunes gens bien canalisés et insipides vivent l’expérience de leur vie en lavant un éléphant et barbotant dans la mousse. Enfin ce film est sujet à un trop grand nombre de redites (dont les running gag à la masse), d'inconsistances voir de trous noirs dans sa trame et la mise en scène est bien pataude par rapport à Diamants sur canapé.
https://zogarok.wordpress.com/2015/06/30/la-party/