Nacht und Nebel à la sauce WIP

Pour la petite anecdote j'ai eu un fourire au tout début quand on nous apprend que le réalisateur est mort dans un accident de voiture avant d'avoir pu terminer le film, parce que je m'imaginais qu'on allait avoir droit qu'à une "moitié de film", et quand on sait que les Polonais sont capables d'avoir des musées entièrement composés d'œuvres d'art qu'on leur a volées (donc qui ne sont pas physiquement présentes) ,je me suis dit "quelle ironie, ils font la même chose avec leurs films." Grand mal m'en pris, je n'ai pas regretté d'avoir pris mon billet !

D'abord ce qui étonne est cette forme hybride entre le roman-photo à la "Jetée" pour la partie dans le présent et le film en noir et blanc pour les scènes de flash-back qui doivent composer 70-80% du film.

On a toujours la protagoniste en voix-off qui nous narre l'action dans la partie qui se déroule dans le passé, avec quinze années d'intervalle suite à la fin de la guerre et la défaite des Nazis puisqu'elle raconte à son mari ce passé dont il ignore tout.

"Liza", donc, puisque c'est le nom de la protagoniste est une ancienne surveillante dans les camps de la mort, plus exactement au camp d'Auschwitz où elle a la charge des prisonnières qui y ont été envoyées pour des raisons politiques (du moins si j'ai bien compris). Elle s'entiche d'une de ses prisonnières du nom de Marta de qui elle va chercher à obtenir la soumission la plus totale dans le but d'asseoir son commandement. Et là ce que le film nous montre d'intéressant à mon sens ,et que je n'ai pas souvenir d'avoir vu si souvent ,c'est ,outre l'organisation interne quasi "documentaire" et dénuée de manichéisme dans le fonctionnement des camps, comment au sein de cet endroit évoluent les dynamiques de pouvoir entre la geôlière et sa "captive" et ce mélange de fascination qu'exerce l'une sur l'autre.

On voit par exemple Liza envier d'une certaine façon la situation de Marta quand elle réalise qu'elle n'a aucun homme au pays pour lui offrir des fleurs le jour de son anniversaire, alors que l'autre a un fiancé qui lui témoigne des marques d'affection et que les épreuves quotidiennes n'ont pas atténué leur flamme. C'est très touchant et on ressent de l'empathie à ce moment pour cette jeune SS mutique jusqu'au 3/4 du film et qui du fait de sa position dans sa hiérarchie ne peut laisser transparaître aucun signe de faiblesse parce que le système concentrationnaire broie les individus, qu'ils soient dans un camp comme dans l'autre au final.

Les personnages ne sont finalement pas tout blancs ni tout noirs, et tout est plus complexe qu'il n'y paraît, on décèle même de la bienveillance des bourreaux pour leurs victimes alors qu'une file d'enfants se dirige vers une chambre où se faire gazer et qu'une petite fille se détache du range pour caresser la tête du berger allemand, le gardien la laisse faire lui adressant un sourire...

Où comment dans l'horreur la plus totale, même certains éléments nous rappellent que l'humanité latente est toujours là.