"Liliana est amoureuse de Fabiana. Liliana, que peut-elle ? Et fabiana, que veut-elle ? Et toutes deux, où vont-elles ?".
Le Doutage réalisé par Mylène de Gouinaloux.
Je ne peux m'empêcher de repenser à ce sketch des inconnus où ils tournent en dérision les romances lesbiennes dans le cinéma français. Appelons Fabiana et liliana les deux héroïnes de ce triste tableau.
On a donc Fabiana ,la peintre qui va se rendre sur une île et doit feindre d'être une simple dame de compagnie pour faire le portrait de Liliana, le modèle, qui ne se doute pas que fabiana est en réalité chargée de peindre un tableau de cette dernière pour que son futur mari sache si il a fait une heureuse acquisition en acceptant d'épouser la demoiselle. Elle va devoir la peindre à son insu, donc, en lui volant quelques coups d'œil furtifs, pour tenter d'achever le portrait, la nuit tombée à l'abri des regards...
On se doute vite que ça ne va pas rester dans la minauderie, et que le regard de Fabiana sur Liliana se transforme progressivement ,plus qu'un simple modèle on sent qu'il est en train de se passer quelque chose entre elles. (Les paumes en sueur, les palpitations, les longs silences gênés...)
Sciamma dilue dans son film un propos féministe extrêmement pénible, lourd et indigeste du fait de son manque de nuance. Ce qui m'énerve toujours, c'est que le XVIIe siècle dans lequel se déroule le film n'est qu'un prétexte pour distiller un propos lamentateur sur la condition de la femme à travers toutes les époques sur lequel la réal va plaquer ses valeurs occidentales post modernes (donc décadentes) et que c'est donc complètement à côté de la plaque parce que c'est anachronique. Et elle le fait avec une subtilité digne d'un dessin de maternelle fait à l'arrache.
Alors, outre le propos lourdingue sur la sororité viscérale qui unit toutes les femmes ,quelle que soit l'époque et les classes sociales, comme un trait d'union entre la noblesse et le petit peuple (chacun sait) on a droit à une romance qui ferait pâlir un telenovela tant elle semble forcée et courue d'avance.
Liliana et Fabiana, seules sur une île qui semble uniquement peuplée par des femmes. La tension sexuelle qui va crescendo.
Mais il ne faut pas être pressé ni s'attendre à du "hard". Sciamma ne fait pas du Kechiche, ici tout est vaporeux, suggéré, ce qui ne m'a pas dérangé en revanche qu'est ce que ça met du temps à arriver !! On croirait les feux de l'amour, en dentelle et en robes ...
J'aimerais que le cinéma français se sorte un peu les doigts du c*l quand je vois ce genre de film. Car autant je n'aime pas Sciamma pour ces polémiques à la con aux César 2020 et pour le parti pris idéologique dans ses films (j'avais vu Naissance des pieuvres où je me suis ennuyé du début à la fin) autant l'ambition visuelle et narrative est présente, ce qui est frustrant parce que ce Portrait de la jeune fille en feu aurait pu être un grand film, s'il s'était donné les moyens de ces dernières.(Et aussi parce que ,avec un budget de 4 millions, il partait un peu fauché, quand on voit ce qu'il a fallu à Polanski pour J'Accuse et qu'on sent qu'il a été fait avec trois bouts de ficelle).