La production du film de Jacques Rouffio ne fut pas chose facile. Lancé par Romy Schneider (qui s'était passionnée pour le roman de Joseph Kessel), le projet est repoussé plusieurs fois notamment à cause d'une blessure au pied de l'actrice lors de sa cure annuelle à Quiberon (cf le film Trois jours à Quiberon d'Emily Atef, 2018). Alors que le tournage s'apprête à débuter en mai 1981, Schneider passe sur le billard pour l'ablation d'un rein. Les assureurs refusent alors de couvrir l'actrice en cas d'autres pépins. Si le reste du tournage se déroule sans encombre, un autre drame frappe l'actrice en juillet 1981 : son fils David meurt. L'actrice le suivra en mai 1982, soit quelques semaines après la sortie de La passante du Sans Souci, qui sera donc le dernier film dans lequel elle a joué.
De la même manière que le récent Miracle à Santa Anna (Spike Lee, 2008), le film débute sur l'assassinat d'un homme. A partir de là, il sera question d'évoquer le passé et les raisons de cet assassinat. Rouffio alterne donc scènes dans le présent avec Michel Piccoli et sa femme jouée par Schneider et flashbacks où le personnage de Piccoli est incarné par Wendelin Werner. Schneider joue également la femme qui s'est occupée de lui durant ses jeunes années. C'est cette dame qu'il a vengé des années plus tard. Prendre la même actrice pour ces deux rôles renforce l'affection du personnage pour les deux femmes de sa vie (deux femmes au même visage).
On suit alors l'histoire d'un jeune juif en Allemagne Nazie recueilli par un couple après la mort de son père, tué devant ses yeux. Au vue de l'actualité, la fuite est inévitable que ce soit pour le petit ou son père d'adoption, éditeur dénonçant le Troisième Reich (Helmut Griem). Si le petit ira en France, ce ne sera pas le cas du mari de Schneider.
Dès lors, Rouffio montre Paris sous l'Occupation, les petits boulots pour survivre et les relations entre le petit et la dame, lui devenant précocement un adulte, elle une maman d'infortune. Autour d'eux gravitent deux personnages amoureux de Schneider : Gérard Klein en français naïf, croyant que tout va aller pour le mieux et Mathieu Carrière en nazi prêt à tout pour l'avoir avec lui. Une tension qui s'accentuera dans les dernières minutes, comme un prélude à ce qui va arriver dans le présent. La résolution apparaît comme un faux-happy end comme en témoigne le texte qui défile en bas de l'écran, sentence de plus dans un film qui n'en manque pas.
Michel Piccoli est superbe, le jeune Werner et Helmut Griem aussi, mais celle qui irradie tout c'est bien évidemment Schneider. Un superbe baroud d'honneur pour une actrice partie bien trop tôt...